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27 mai 2021

Tristesse et Beauté (Utsukushisa to kanashimi to) (1965) de Masahiro Shinoda

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La vengeance est un plat qui se mange... par procuration. Shinoda nous trousse un petit film où l'amour n'est pas franchement enfant de bohême mais plutôt relativement destructeur... Dans un premier temps, on assiste à un récit construit avec divers flash-back, histoire d'expliquer, à l'heure des retrouvailles, les relations qu'eurent par le passé la peintre Otoko (Kaoru Yachigusa) et l'écrivain Toshio (le toujours sobre et excellent Sô Yamamura) : il était marié ce qui ne l'a pas empêché d'avoir une relation avec la jeune femme de seize ans alors ; une histoire d'amour qui se termina tragiquement puisqu'ils eurent un enfant, qui mourut au bout d'une semaine : il la quitta alors qu'elle tombait dans une profonde dépression, il en tira un bouquin (à succès) et retourna avec sa femme (un homme droit dans ses bottes, oui...). Bref, un passé pour le moins tendu : l'heure des retrouvailles, une quinzaine d'années plus tard, se fait toutefois toutefois sous le signe de l'apaisement : Otoko est posée et présente à son ancien amant sa nouvelle élève, Keiko, toute jeune et au visage de poupée (Mariko Kaga, dessinée au crayon)... Et, et ? Et quoi ? Eh bien non, pas vraiment... C'est bien Keiko, amoureuse avouée d'Otoko, qui va décider de prendre le taureau, disons même les taureaux, par les cojones. Elle se met en tête de séduire et Toshio et son fils - histoire de lui faire son payer son passé, au grand dam de la dame Otoko dépassée par cette pupille à l'air naïf et doux mais froide, en son sein, comme la mort ...

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On aime ces couleurs vintage, ces cadres dans le cadre qui enferment tous les protagonistes de cette histoire dès lors qu'ils sont en présence de Keiko (elle veut aller au bout de sa logique et même sa mentor, emprisonnée dans le souvenir de ce passé au point d'influencer encore sa peinture, ne peut lui faire entendre raison) et surtout cette subtile dose d'érotisme qu'apporte par ses apparitions cette diabolique Keiko : qu'elle embrasse Otoko ou lui glisse un doigt dans l'oreille (tout commentaire est superflu), qu'elle minaude devant Toshio et tente mine de rien de lui résister, qu'elle joue avec son fils jusqu'à le faire craquer, elle est à chaque fois capable de faire monter la tension d'un cran. Ces cadres dans le cadre se resserrent, Toshio tente de s'extirper du souvenir de cette tentatrice (l'âge l'a rendu quelque peu plus aguerri... une fois le pêché consommé), Otoko tente dans la douceur de dissuader Keiko d'arrêter ses manigances mais rien n'y fait, il reste une ultime victime sacrificielle dans son plan machiavélique : ce fils, un chercheur, un lettré, un homme de tête qui va la perdre, forcément, avec cette poupée nipponne... Shinoda nous propose un montage en alternance (une séquence chez Toshio, une séquence chez Otoko...) mais c'est bien Keiko qui mène le bal de cette histoire et lui apporte son piment, son charme, son venin. Pasolinienne jusqu'au bout de ses ongles peints en rouge, c'est bien elle qui va vouloir apporter la destruction dans le foyer de Toshio : ravivant la jalousie de cette femme, ravivant les désirs éteints de ce mari, et manipulant à souhait ce fils plus pâle que la mort en présence de cette beauté de porcelaine incassable. Shinoda nous livre un film plus vénéneux qu'il n'en a l'air (des personnages, surtout Keiko et le fils de Toshio si lisses en apparence) avec un final où la note (lacrymale) s'avèrera salée. Belle petite mécanique à l'esthétisme soigné et terrible femme fatale aux allures d'ange heureuse.

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