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23 mai 2021

À la française (In the French Style) (1963) de Robert Parrish

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Jean Seberg is not dead. Elle n'a en effet jamais été aussi vivante que dans ce film de Parrish qui lui donne un rôle à sa juste mesure. Affublée pourtant de coiffures diverses tout au long de ce récit où elle multiplie les rencontres amoureuses, la belle Jean parvient franchement à montrer l'étendue de ses talents d'actrice (le premier qui me contredit se prend la porte, dans les gencives - voilà, c'est dit). Grâce en soit rendue aux deux nouvelles d'Irwin Shaw sur lesquelles est basé ce scénario (qu'il signe également) ainsi qu'à l'attention constante de Parrish pour ses acteurs. Avouons que certains seconds couteaux (peut-être pas Philippe Forquet (!!!!) as Guy, un peu tendre...) donnent une certaine intensité à leur rôle, en particulier Stanley Baker, l'amant journaliste de Jean, et le chenu Addison Powell, qui endosse le rôle du père. L'histoire, sinon, est limpide : Jean est une jeune Américaine, peintre, installée à Paris. Dans la première partie, elle flirte avec ce Guy qui a un peu les deux pieds dans le même sabot ; ils se tournent autour, se plaisent résolument, mais le "passage à l'acte" tarde méchamment ; une première histoire d'amour forcément un peu pataude qui se termine en queue de caméléon... Jean, ensuite, connue comme le loup blanc dans ce Paris du début des années 60, fera diverses rencontres plus ou moins bancales ; elle finit par arrêter son choix sur ce journaliste qui n'a qu'un défaut : ces nombreuses absences, l'homme partant souvent à l'étranger pour effectuer des reportages. Jean, femme de tête, n'a pas franchement un caractère à "subir" et, face à son père un rien conservateur, comme face à cet amant difficile à attacher, elle saura montrer un certain tempérament : au final, quoiqu'il en soit, ce sera elle qui fera ses choix...

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Si Robert Parrish a la bonne idée de ne pas tomber dans le piège "Paris ville de mon cœur, Paris for ever" cher à tout bon ou mauvais cinéaste américain (il ne cherche pas à multiplier les plans sur les extérieurs (on ne voit d'ailleurs même pas la Tour Eiffel, ouf), ni à tomber dans les gros clichés frenchy (cette boîte foutraque où Jean amène son père est un peu "chargée" au niveau du bordel ambiant, ou encore ce repas chiant comme une pluie d'automne avec des aristos français est un poil caricatural avec cette morgue ambiante terrible - sinon, pour le reste, ça va)), il est surtout bon quand il s'agit de diriger des scènes d'une certaine intensité entre Jean et ces divers "partenaires" masculins... Si elle est sûrement encore un peu trop fleur bleue avec ce premier "semi-amant" (c'est elle malgré tout qui prend les devants face à ce jeune homme un peu trop indécis...), elle saura monter en grade par la suite pour défendre son rang. Cette confrontation avec le père, notamment, est en tout point remarquable par ce désir d'émancipation qu'elle défend bec et ongle ; cette confrontation finale avec son amant journaliste sera tout autant marquante ; si vous êtes en manque de "douche froide", jetez-vous sur cette œuvre (qui fait d'ailleurs également partie de la carte blanche posthume donnée à Tavernier (Bertrand, si tu nous regardes, thanks !! - je n'en ai d'ailleurs pas encore terminé avec ta petite sélection franchement au taquet). Jean, belle à se damnée, justifie avec maestria ses choix face à ce journaliste, un peu trop sûr de lui, qui tombe de la lune (en chute libre) ; Parrish filme au plus près ses acteurs qui ont tout leur temps pour défendre leurs idées ; comme le reste du film dans ce gay Paris des sixties tente de faire le portrait d'une époque sans trop se vautrer dans les images d'Epinal, on reste franchement emballé tout du long par ce portrait d'une femme (je suis fan de Seberg, j'avoue, mais cela ne fait pas tout, non, non, promis) qui s'affirme peu à peu dans ce monde dominé à tous les postes par des mâles. Belle petite découverte que celle de cette œuvre signée du gars Robert. A voir résolument (pas seulement pour l'éternel grain de beauté de la Seberg et ses petites ridules aux coins des lèvres - l'interprétation de Seberg, c'est bien too).

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