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23 mai 2021

LIVRE : Trio de William Boyd - 2021

CVT_Trio_805On aimait bien le William Boyd de la période africaine ; on aime moins, décidément, celui de ces récits de personnages un peu "marginaux", de ces longues histoires de destins capricieux à la Irving (AVC de Gols en direct à la seule mention de). Boyd nous amène ici à Brighton, à la fin des sixties, sur le tournage d'un film, prétexte pour nous faire suivre les mésaventures de trois personnages (oui, de là ce titre de trio mais d'un trio pour le moins individualiste... d'autant que plus le roman va avancer, plus ces personnages suivront leur propre trajectoire). Nous voici donc en présence de la jeune star américaine Anny, jeune femme volage et imprévisible, du producteur Talbot, marié, deux enfants et accessoirement homo, et enfin d'une romancière, Elfrida, alcoolique et en panne d'inspiration... Ces trois personnages vont être confrontés à leur petit démon intérieur ou extérieur, pourrait-on oser avancer... Anny, first, doit se coltiner son ancien mari, un type considéré par les States comme un terroriste et qui vient de s'échapper de prison ; forcément, il va reprendre contact avec elle et forcément il va la mettre dans la mouise ; elle avait pourtant déjà fort à faire entre son compagnon français politiquement incorrect et son amant, un jeune premier rencontré sur le tournage... Serrée de près par le FBI, elle va devoir improviser, pour le coup, sa propre vie et tenter de s'évanouir en France... Talbot, lui, doit régler de son côté quelques petits problèmes relationnels avec l'argent ; qu'il s'agisse de son associé qui semble vouloir l'entourlouper, ou de lui-même qui "loue" des modèles, jeune femme ou jeune homme, pour les photographier et plus si affinités, Talbot semble avoir du mal à voir les choses en face : il serait temps, d'une part, qu'il cesse de se faire flouer et, d'autre part, qu'il "se floue lui-même" sur sa façon de concevoir les relations et sur ses propres attirances sexuelles. Enfin, la nouvelle Virginia Woolf comme l'appellent les critiques, marié au réalisateur (infidèle) du film, tente elle aussi de trouver ou de retrouver sa voie : incapable d'écrire la moindre ligne depuis dix ans, elle finit par suivre la pente sur laquelle la mènent les critiques en s'intéressant aux derniers jours de Woolf et à son suicide ; une recherche qui risque d'avoir sur elle un effet soit destructeur (suivre ce "modèle" jusque dans sa mort) ou cathartique (décider de changer sa vie du tout au tout). Voilà, on est dans du roman tristement classique, du roman de personnages quoi, avec moults petites histoires parallèles, des coucheries, des flics, des références littéraires (peu) et la description d'une industrie cinématographique guère enchanteresse (le cinéma anglais de toute façon... oups). Alors ça se lit très facilement, trop facilement, Boyd ne cherchant pas à prendre la tête à son lecteur avec des réflexions fumeuses, juste à le prendre par la main, avec ses petites anecdotes plus ou moins drolatiques et son sens (savant) de la description, pour donner un peu de relief à ces trois personnages en quête de hauteur. C'est un trio bien rythmé mais qui laisse aussi un peu froid : Boyd, dira-t-on, à un certain sens du "romanesque" à l'ancienne, du divertissement, mais son récit, s'il était par exemple adapté sur un écran quelconque, aurait plus des airs d'une longue série à petite teneur rocambolesque que d'un film de Kubrick, voyez. Un livre de plage un peu trop vite oubliable.

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