Émile et les Détectives (Emil und die Detektive) (1931) de Gerhard Lamprecht
Une petite œuvre allemande pré-hitlérienne bien sympathique ma foi qui nous permet de retrouver Billy Wilder au scénario (forcément gage de qualité) et de nous montrer un Berlin vintage sous toutes ses coutures. L'histoire est d'une simplicité d'enfant : un jeune gamin est envoyé chez sa grand-mère à Berlin. Il doit y passer les vacances mais doit s'acquitter auparavant d'une mission : lui faire passer les 140 marks qu'on lui a confiés. Le gamin, habitué aux 400 coups dans sa bourgade, a beau se méfier : il sera malgré tout victime dans le train d'un voleur, un adulte fourbe qu'il avait pourtant remarqué dès le départ. Dépité, il débarque à Berlin sans savoir comment s'y prendre pour démasquer le gars. Heureusement, il tombe sur un gamin des rues très débrouillard qui jouit d'une certaine respectabilité dans le quartier : il ne tarde pas à lever toute une armée de gamins et de détectives en herbe pour confondre le voleur. La chasse à l'homme (en tout bien tout honneur, attention) peut commencer...
Dès le début, on assiste à une petite saynète trépidante avec ce gamin maquillant une statue au nez et à la barbe du gardien. Notre jeune Emil n'a pas les deux pieds dans le même sabot teuton et saura s'entourer de toute une panacée de bambins pas prêts à lâcher l'affaire. L'une des scènes les plus marquantes du film demeure tout de même sans doute ce fameux voyage en train : Emil, resté seul dans le compartiment avec ce type chelou, accepte avec méfiance un bonbon donné par ce dernier ; il ne tarde pas, entre rêve et hallucination, à délirer. Lamprecht se régale pour trousser des petits plans à l'allure surréaliste (compartiment qui s'étire, envolée en parapluie au-dessus de la ville, miniaturisation de l'Emil suspendu au signal d'alarme...). Après cette bouffée délirante, le pauvre Emil revient sur terre et devra compter sur l'alliance faite avec toute cette tribu de gamin... Certes, il y aura moult complications, histoire de faire durer, avant de mettre la main sur le pactole volé mais outre cette petite visite gratuite de Berlin, cela donnera lieu à d'autres temps forts : notamment ce plan sur cet homme, le voleur, suivi par une meute de gamins bien décidés à le démasquer ; on ne rigole pas avec la justice, qui est celle, encore à cette époque bénie, de l'innocence. Emil, je vous rassure, fera un retour triomphal chez lui. Une mignonne petite trouvaille forcément dynamisée par l'écriture d'un Wilder encore débutant.