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Shangols
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25 avril 2021

La Marchande de Rêve (Drifting) (1923) de Tod Browning

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Découvrir un Browning "inédit" dans une version colorisée absolument parfaite, déjà là, on frémit... Quand en plus il est question de trafic d'opium dans la région de Shanghai (ok, juste deux plans sur la ville, mais c'est toujours ça) et qu'il y au générique Priscilla Dean ET une Anna May Wong de dix-huit ans qui transperce déjà la pellicule, on ne peut que se frotter les mains ; dans ces cas-là, on sait qu'on tient le parfait film du dimanche matin. Et cette Marchande de Rêve, disons-le, tient une bonne partie de ses promesses, grâce notamment à un final ébouriffant et une Anna émouvante comme un petit cœur qui bat sous cloche. Un petit mot sur l'histoire, allez, pour mettre dans l'ambiance : Dean est une trafiquante d'opium installée sur Shanghai dont les dernières affaires (un achat de robes en soie) tournent mal ; elle tente le tout pour le tout en pariant une grosse somme lors d'une course de chevaux et se retrouve à sec, poursuivie qui plus est par la police locale... Elle décide de trouver refuge dans la campagne (pas loin de l'endroit où l'on cultive les plans de l'opiacée), se fait passer pour une romancière et côtoie un Européen fraîchement débarqué : il est censé reprendre les mines du coin mais un ponte local le suspecte de venir ici pour détruire les plantations... Priscilla joue les espionnes mais ne peut s'empêcher de tomber sous le charme de cet homme à moustaches... Elle n'est pas la seule à succomber d'ailleurs, la fille du ponte chinois, Anna as Rose Li, quinze ans, n'a d'yeux que pour le bonhomme... Cela suffira-t-il pour sauver notre homme, alors que les paysans, cultivateurs d'opium, grondent et menacent tout bonnement d'attaquer le village ? Cela nous promet forcément un final à feu et à sang...

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Une première partie a minima où, dans des décors asiatisants soignés, Priscilla la téméraire tente de se sortir de ce mauvais pas ; elle doit se coltiner un associé, Wallace Beery, qui la tient à l'oeil, la responsable du "café parisien" dans lequel elle a ses quartiers et avec laquelle les escarmouches sont fréquentes ou encore un quatuor de policiers (mené par un vieux qui a autant la tronche d'un asiatique que moi d'un éleveur de lama) qui est à ses trousses. Priscilla fait montre de caractère, s'agite, se débat mais s'enfonce dans les ennuis... Elle se met au vert et, en changeant de peau (en jouant les romancières), change son numéro : elle se fait toute charmante et langoureuse pour se faire bien voir du Capitaine Arthur Jarvis qui semble avoir un faible pour la gente féminine (même s'il rabroue volontiers Anna, un peu trop tendre pour lui...). Dans cette campagne du Jiangzi, William V. Mong se plaît à jouer les mandarins vicieux aux longues et fines moustaches et ce potentat local, bientôt soutenu par Wallace Beery, espère bien se débarrasser de ce Capitaine qui met son nez dans leurs affaires... Priscilla trahit le Capitaine en lui volant une lettre, Anna, toujours à l'affût la dénonce (mais ne sera point crue) et trouve un appui inattendu auprès du gamin du Capitaine, un bambin qui apporte une touche de truculence à la chose... Au contact de ces deux êtres, on se dit que Priscilla ne peut que retrouver une certaine innocence et revenir sur le droit chemin : elle se doit de trahir les siens, détruire la drogue et tout faire pour aider le Capitaine si elle veut avoir une chance de retrouver son âme... Elle a les cartes en main mais c'est bien Anna, tout jeunette et naïve qu'elle est, qui, sur la fin, captera toute l'attention. Le final (magnifique teinte couleur rouge sang) est forcément échevelé (paysans brandissant torches qui fondent sur le village, villageois brandissant fusils qui courent dans tous les sens, armée chinoise survenant in extremis pour calmer tout ce petit monde...) et va nous montrer une Priscilla aux prises avec ses démons (belle métaphore du feu : si elle le vainc, elle peut espérer une sorte de rédemption), un Capitaine jouant sa vie avec une lame grande comme mon avant-bras et une Anna héroïque. Ça charcle, ça caracole (belle montée d'escaliers à cheval... et une chute effrayante) et Anna, d'un geste désespérée de nous montrer tous ses talents de (jeune) tragédienne romantique. Bref, un Browning qui pète le feu et qui nous met en joie. Encore, clap-clap, encore !!!... eh bien, justement, j'ai la petite cerise dans la manche...

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 Tout Tod

Commentaires
S
Euh Metropolis et Nosferatu j'ai pu les voir en noir et blanc sans problème - là, il s'agit de la seule version visible et même si les teintes (comme la rénovation d'ailleurs) sont nickels, difficile de dire ce qu'il en était à l'origine. Un spécialiste sur la question ?
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S
Ne sont-ce les teintes voulues par Tod à l'origine ? Je dis ça, peut-être naïvement...
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R
Pourquoi ils mettent du rouge, du vert, du bleu sur le N&B des films muets ? Parce que le noir et le blanc, les jeunes, y z'aiment pas, y sont pas habitués 'déjà qu' y a pas le son!) ? <br /> <br /> Vous trouvez que ça met de l'ambiance, et des couleurs à la vie, et tout? <br /> <br /> J'imagine que dans un demi-siècle, on projettera , je sais pas, mettons "La Nuit du chasseur" en tout vert (la campagne, les bouseux), "Casablanca" tout en jaune (le désert, le soleil), 'Psychose" en rouge...<br /> <br /> On prend les jeunes pour des vieux cons, non ?
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