Invasion Planète X (Kaijû daisensô) (1965) de Ishirô Honda

On évoque souvent 2001, l'Odyssée de l'Espace en termes de film visionnaire et on oublie trop souvent ce fabuleux précurseur que fut trois ans plus tôt Invasion Planète X... Une petite déconnade en ouverture, rien de mieux pour se mettre en jambes même si Honda, on le sait, est loin de se foutre de notre gueule au niveau des effets spéciaux (vintage) : des maquettes une nouvelle fois remarquables (le pas de tir de la fusée comme son arrivée sur cette planète des confins ; les villes reconstituées qui explosent sous le pas des monstres ou les maquettes de tanks (un classique) restent quant à elles d'un très bon niveau), des images de l'espace relativement soignées, des décors futuristes sympathiques... il n'y a bien finalement que les monstres qui restent d'un niveau moyen (Godzilla et son regard torve ou les fils un peu trop voyants du monstre à trois têtes...). Cette fois-ci, si on garde la même équipe de monstres (Godzilla et Rodan contre le roi Ghidorah), on change d'univers : nos trois monstres se retrouvent sur cette fameuse planète X pour se livrer un combat en terrain neutre - avant un final sur terre ; on notera au niveau des nouveautés pince sans rire les petits sauts de Godzilla en cas de victoire ou encore sa façon, tel un boxeur expérimenté, d'avancer et de puncher face aux trois têtes de Ghidorah... sinon, c'est du classique... Mais la menace, cette fois-ci, ne vient pas tant de nos trois trucs préhistoriques destructeurs que de ces fameux Xiliens : après avoir demandé l'aide de la Terre (vous nous filez Godzilla et Rodan, on vous donne en échange un remède contre le cancer !!!), ces salopiots de X trahissent leur monde et lancent un ultimatum guère acceptable à notre pauvre Terre... Comme ils ont une technique sacrément avancée, sur X, on mouille son calbute - mais ces couillons, bienheureusement, peinent à supporter certaines ondes : cela risque de leur être fatal. Bien...

Au niveau de la complexité de l'intrigue, on ne peut pas dire qu'on ait à s'arracher les cheveux : Honda noie le poisson pendant une grande première partie en faisant voyager nos monstres dans l'espace (cela se révèle finalement sans grand intérêt par la suite - on découvre tout de même au passage l'air renfrogné de Godzilla quand il se sent abandonné sur cette planète où il n'y a que des cailloux à détruire) et lance sa bombe dans la dernière demi-heure ; ces extra-terrestres sont des traîtres... Pour les contrer, deux astronautes, un nippon et un Ricain qui a, étrangement, des faux airs de Poutine (!!!) ainsi qu'un inventeur à la con qui se retrouve presque malgré lui au centre de l'intrigue (sur un aspect technique, les ondes, et romantique, sa liaison avec la sœur du nippon astronaute qui reste juste effleurée...). En un mot, une intrigue très classique (on vient nous envahir !), un changement d'air pour le moins original (petit tour touristique sur la planète X) et des effets spéciaux qui restent honnête pour l'époque. On finit quand même par se lasser méchamment de ces trois monstres à la psychologie sommaire et de ces scènes de destruction uniquement pour le fun... Honda quittera d'ailleurs après cet opus le navire et laissera semble-t-il la main... à bien moins bon que lui - oups, la motivation risque d'être difficile à trouver pour achever cette série...