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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
7 avril 2021

La Cravate de Mathias Théry et Étienne Chaillou - 2020

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Moui, peu d'intérêt dans ce minuscule film qui s'annonce ambitieux au départ, mais ressemble en fin de compte à un pétard mouillé. Les deux réalisateurs ont tout fait pourtant pour nous faire croire au spectaculaire, puisque la forme de leur documentaire est intrigante : un jeune membre du FN se voit confié un texte écrit par Théry et Chailllou, retraçant sa vie de militant politique, depuis ses rêveries devant les discours de Le Pen jusqu'à son ascension dans le pouvoir politique, avec pour injonction de réagir à cette narration : qui était-il à cette époque (trois ans auparavant) ? comment a-t-il évolué ? était-il vraiment un connard ? et aussi : a-t-il caché à l'époque quelques épisodes de sa vie pas glorieux, qui pourraient expliquer son adhésion à ces thèses xénophobes alors qu'il est un brave garçon à la base ? Face caméra, Bastien découvre ce texte et se souvient, et le reste du film est composé d'images prises à l'époque, montrant notre jeune garçon ambitieux monter peu à peu les échelons, conseiller Philipot dans sa communication, infiltrer un piquet de grève pour y instiller ses idées, distribuer les tracts sur les marchés ou taper la bise à Marine Le Pen et figurer enfin en candidat sur les affiches de son parti.

ffffffffffff

L'idée n'est pas mauvaise mais elle ne donne rien. Ce Bastien est un gars mutique, renfermé, qui ne donne que très peu ses sentiments sur cette période de sa vie. Il faudra donc se contenter de le regarder acquiescer à la narration que les gusses font de sa vie, murmurer un "C'est du bon travail", ou renifler d'un air gêné quand son portrait devient un peu pathétique. On ne saura pas grand-chose du garçon une fois le film fini : brave mec un peu trop tenté par le patriotisme bourrin, mal orienté à un moment de sa vie et du coup mal accompagné (sa période skinhead), geek fan de laser-game qui a trouvé dans le militantisme une occasion d'être un peu reconnu, bref une vie banale. Le fait que ce soit le FN qui serve de contexte à la chose ne change rien à l'affaire : les idées n'intéressent pas Théry et Chaillou, plus intéressés par leur personnage que par ce qu'il pense : le parti d'extrême-droite en ressort comme un parti "normal", et le film démontre bizarrement qu'adhérer au FN c'est comme adhérer à un autre parti. La platitude des images de l'époque saute par ailleurs au yeux : mal cadrées, à l'affût d'on ne sait quel scoop qui ne viendra jamais, les scènes de militantisme ordinaire s'enchaînent dans un ennui total, et les deux compères devaient avoir trop peu de matière à se mettre sous la dent (et ont donc inventé ce procédé de relecture contemporaine, guère plus viable). Ça se regarde sans déplaisir non plus, les réalisateurs ont du talent pour rendre compte de la petitesse de l'engagement politique local, de ce nid de requins qui écartent les plus sincères pour laisser éclore les grosses stars, de ce travail de l'ombre des petites mains, du quotidien peu glorieux de ces gens convaincus pourtant de leurs idées. Mais le manque d'intérêt des images, couplé au peu de charisme du protagoniste principal, associé à une certaine insincérité dans le procédé, entrainent le film vers des pistes parallèles qui lui font perdre de sa netteté. Raté, quoi...

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