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2 avril 2021

In Search of Darkness de David A. Weiner - 2019

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Si les noms de Freddy Krueger, Michael Myers ou Jason Voorhees n'évoquent rien pour vous, allez au diable et passez au texte suivant : nous ne sommes pas faits pour nous rencontrer et vous n'êtes pas digne de regarder ce film. De toute façon vous risquez de passer à côté de la poésie de la chose, qui consiste à s'extasier d'un ralenti sur une explosion de tête ou d'une éviscération particulièrement réalisée avec des tenailles rouillées. Oui, parce que In Search of Darkness s'intéresse au cinéma d'horreur des années 80, soit la plus grande époque, celle bénie où sont nés la plupart de nos cauchemars adolescents, celle qui a su créer ex nihilo des figures marquantes du genre, encore viables aujourd’hui (et ce ne sont pas les 47 suites à Friday the 13th qui vont me contredire), celle qui fonda la plus grande part de mon amour pour le genre, s'il faut avouer cette faiblesse. Celle de Carpenter, Landis, Dante, Raimi, Cronenberg, Craven, certes, mais aussi celle des centaines de petits cinéastes oubliés qui ont œuvré, le temps d'un film voire d'une seule scène marquante voire d'une minuscule idée toute bête, à forger une mythologie de l'horreur, à faire entrer dans les cerveaux des teenagers des images durables et traumatiques. C'est en grande partie à ces anonymes que s'intéresse ce très long documentaire (4 heures au compteur, et pas une seule seconde d'ennui) : on y voit certes les grands maîtres de l'horreur, leurs films sont dûment commentés et disséqués, honneur et allégeance leur sont rendus, mais c'est surtout les mille petits films inconnus, découverts jadis sur des VHS pourries par des ados onanistes et puceaux, qui font plaisir à voir. Des beautés d'Halloween 7 ou de The Monster Squad, en quelque sorte...

Corey-Taylor

De façon certes un peu trop linéaire, le film retrace donc les 80's, années par année, faisant à chaque fois ressortir du lot quelques titres oubliés ou non. C'est une armée de geeks qui se chargent de commenter les extraits des films, et on est ébahis par leur enthousiasme inentamé aujourd'hui, alors qu'ils ont pour la plupart la cinquantaine. En vieux bonze, Carpenter trône là-dessus et dispense ses souvenirs avec un calme eastwoodien, mais c'est tous ces gusses yeux écarquillés qui font le plus plaisir, et leurs goûts complètement torves. On peut par exemple entendre cet avis définitif : "My Bloody Valentine est franchement mon slasher préféré de 1981", qui m'a laissé rêveur du fait même d'avoir un slasher préféré par année ; on y voit des mecs à casquettes mimer leur sidération d'alors devant une décapitation particulièrement astucieuse ou un monstre gluant particulièrement vomitif ; on y voit des critiques décrypter avec un sérieux papal telle séquence de Freddy 8 ou tel plan en plongée subjective depuis un estomac ouvert dans Phantasm 15 ; on y voit réhabilitées de sombres et improbables productions aux noms ronflants et au budget inversement proportionnel ; on y voit des punks à chiens préférer Psychose 2 à l'original... Bref, un grand défilé de spécialistes inutiles du genre, qui a quand même vu passer 99% de navets pour un grand film. Pour sortir la tête de cette liste infinie de films et d'extraits, In Search of Darkness aère de temps en temps son déroulé en ouvrant quelques "dossiers" : les effets spéciaux (et on redécouvre ces monstres faits mains, ces marionnettes inventives, ces stop-motion fauchés, ces prothèses difformes, qui ont fabriqué notre imaginaire, et on réapprend les grands noms, et on revoit énamouré les grandes inventions de The Thing ou du Loup-garou de Londres), les grands méchants, la fabrique des fans, ce genre de choses, là aussi soigneusement disséqués par nos adulescents spécialisés. Et finalement, c'est toute une mythologie qu'on voit se dérouler ainsi, toute une poésie du cinéma-bis, qui a flirté avec l'underground mais a aussi su fabriquer des gros succès mainstream, toute une économie parallèle, tout un imaginaire aussi valable que les autres, en bref toute une part du cinéma, qu'on trouvait chelou à l'époque, mais qui s'avère aujourd'hui fondatrice de pas mal de choses. Il fallait bien ces quatre heures pour nous faire retrouver notre saine jeunesse et nos peurs dans le noir, pour nous faire éprouver à nouveau notre terreur face à la vie, au sexe, à la mort et à la souffrance. Pour ma part, j'en aurais bien repris 4 de plus.

913nightmare4refreddyk

Commentaires
N
Merci !
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S
Il est disponible sur la plateforme Shadowz, qui a un catalogue remarquable de films d'horreur...
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N
Merci à vous pour cette pépite, ça donne très envie de voir ça ! Je ne fais pas partie des gens cités au début de votre article, pour moi les noms de Freddy, Myers et Jason évoquent beaucoup de choses. Par contre je ne trouve le film que sur Vimeo à un prix exorbitant, savez-vous si on peut se le procurer ailleurs ?
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