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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
25 octobre 2022

Les Amants sacrifiés (Supai no tsuma) (2021) de Kiyoshi Kurosawa

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Avec Kiyoshi Kurosawa aux manettes, associé au scénar à Ryûsuke Hamaguchi, on était en droit d'attendre du lourd. Seulement voilà, dès les premières images, on sent à plein nez l'image téléfilmesque : une image sombre, des décors de carton-pâte, des figurants non dirigés qui se marrent à jouer dans un costume, l'économie de moyens est évidente et fait mal au cœur. Kurosawa semble placidement se reposer sur son histoire, gère a minima la direction d'acteurs et nous sert une mise en scène affreusement plate... (A l'image de cette scène de cauchemar, on pense que Tavernier aurait fait pareil... pas de frisson, pas d'émotion, c'est juste gnangnan). Reste, disais-je, un scénar qui tentera de se reposer sur quelques rebondissements et autres imprévus... Il est ici question d'un homme d'affaires qui, en 1940, a encore de fortes relations avec des clients étrangers (notamment anglais) qui sont vite évincés du pays : la guerre à l'espion européen commence ; lors d'un voyage en Mandchourie, notre businessman, assisté de son jeune neveu, va être témoin d'une action pour le moins condamnable de l'Armée nippone et ramène des documents et des images pour le prouver... Sa femme le soupçonne de trainer dans des affaires louches et finit par savoir la vérité sur ce point. Gasp !... Va-t-elle décider d'assumer les actions de son mari ou, ayant un ami d'enfance dans la police japonaise (ami avec lequel elle entretient des relations "troubles"), va-t-elle le dénoncer ? C'est un curieux jeu de dupes qui va se jouer entre nos deux "amants"...

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Alors oui, après une première heure affreusement terne, un (double) petit suspense commence à se mettre en place. Cet homme d'affaires, avec son petit sourire supérieur, est-il en train de se jouer des personnes au pouvoir et va-t-il parvenir à échapper à leur surveillance ? Dès lors que sa femme entre dans le jeu, cette suspicion d'espionite envers son mari, la tension monte d'un cran : nos deux héros ont-ils une confiance indéfectible l'un envers l'autre et vont-ils parvenir à déjouer cette police qui torture à la volée... ? Ou l'ère du soupçon est-elle généralisée ? On accepte volontiers cette petite part de suspense, d'autant qu'elle nous tient enfin un peu en éveil ; malheureusement, il faut reconnaître que le flou constant qui entoure les personnages nous empêche d'avoir une quelconque empathie envers eux ; certes le fait de nous laisser dans cette incertitude (le mari aime-t-il vraiment sa femme, est-il prêt à tout pour elle, veut-il se venger d'elle après qu'elle a dénoncé son neveu, cherche-t-il à la protéger ?...) permet de balancer une petite surprise finale... Mais c'est finalement sans grand intérêt - les motivations et les convictions profondes de chacun étaient sûrement, dans le contexte, plus intéressantes à explorer à fond. Là, las, on regarde cette petite machination entre amants (solidaires ou défiants, là est la question) d'un air un peu détaché,...Kurosawa met un point d'honneur à nous montrer ce champ de ruines (à tous les points de vue) qu'est devenu le Japon en 1945 mais son film n'apporte pour le coup pas vraiment de pierre à l'édifice... Bref, un film d'époque pour l'ami Kurosawa qui cherchait sans doute une petite récréation, mais une œuvre, au final, tout de même très paresseuse pour tous les fans de ce maître de l'effroi et des situations tendues...   (Shang - 16/03/21)

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Pour une fois, complètement d'accord avec le gars Shang, alors que Kurosawa est un cinéaste qui nous divise bien souvent. Avec ces deux talents en tête d'affiche, on se frotte les mains, malgré le côté "film en costumes" qui semble bien éloigné de l'univers de Kurosawa (même si ça n'est pas le premier de sa carrière, et qu'il a réussi parfois). Mais cette première heure, effectivement, vous assomme d'entrée de jeu. Tout est faux dans cette reconstitution, on voit toutes les coulisses pour ainsi dire, on a l'impression d'entendre KK diriger ces figurants ou donner ses ordres pour les déplacements de caméra (élégants, oui, mais sans invention, presque pas kurasawanesques hormis cette façon inimitable qu'il a de faire traîner les plans une demi-seconde de trop, et de filmer les espaces vacants après l'action : une technique inimitable qui induit tout de suite une certaine inquiétude). Comme le scénario n'est pas d'un intérêt vital, on s'endort un peu. Et je profite de votre sommeil pour développer ma théorie sur les films d'espionnage : ne sont-ils pas condamnés à avoir une première partie chiante, puisque pour que le héros soit glorieux, il faut qu'on l'ait pris pour un salopard avant tout ? C'est le syndrome Rideau déchiré (je l'ai revu ce week-end, ça va, j'ai le droit), et j'ai l'impression qu'il s'applique aussi ici. Yusaku doit être ambigu et antipathique dans un premier temps, sinon on ne croirait pas à son statut d'agent secret. Bon, mais au crédit de Kurosawa et de Hamaguchi, notons qu'ils parviennent avec une certaine maestria à nous retourner comme des crêpes plusieurs fois au cours du film, et à faire du personnage un être opaque, romantique et dangereux. Cette première heure est pourtant poussive, maladroite, sans vrai style.

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Ensuite, c'est vrai que quand le récit s'étoffe et que le suspense est meilleur on passe dans un autre film, bien plus satisfaisant malgré sa mise en scène toujours un brin transparente. En fait, plus que les rebondissements politiques, c'est la complexité du personnage de Satoko qui fait la tension du film. Kurosawa parvient à transformer son cahier des charges d'espionnage en suspense sentimental, on n'en attendait pas moins de lui. Car ce sont les décisions de la jeune femme qui font tout l'intérêt de cette partie : quel homme va-t'elle choisir en choisissant son camp politique ? Partagée entre allégeance à son pays et envie de liberté, elle doit aussi faire le choix entre un amant de gauche, indigné, préoccupé par l'état du monde et un autre plus autoritaire, de droite, et plus attirant. Sa décision constituera la tension du film, plus que cette histoire de film caché à faire passer à l'étranger. Pas amenée très loin pourtant, cette belle idée, trop prisonnière du scénario, ne va pas très loin. On s'enfouit sous un film trop clinquant (la photo est belle, c'est vrai), trop académique, trop scolaire.   (Gols - 25/10/22)

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Commentaires
S
Y'a plus de salle... Réponse d'Auvergnat.
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K
Où est-ce que vous l'avez vu? en salle?...quelque part sur le web?
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