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8 mars 2021

Peine capitale (Yield to the Night) (1956) de J. Lee Thompson

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Un bon vieux petit film noir anglais sur la peine de mort après s'être fait courser dans la matinée par un zébu (il s'en passe des choses dans ma vie, le lundi), rien de mieux pour remonter le moral. Dès la scène d'ouverture, on retrouve la patte précise, clinique, torve de ce bon vieux Thompson : une femme, une blonde, marche d'un pas décidé dans les rues de Londres ; les plans sont courts, les cadres sont diaboliques, le rythme est trépidant ; notre blonde finit par introduire fébrilement une clé dans une porte, ne parvient pas à l'ouvrir, elle se met en retrait ; une autre femme arrive en voiture, en sort, introduit sa clé, ouvre la porte, revient vers sa voiture et notre chère blonde de vider sur elle son chargeur de pistolet. La meurtrière sait apparemment parfaitement ce qu'elle fait, elle ne faiblit point, et reste camper sur ses positions sous les yeux des badauds... On la retrouve en prison, condamnée dans deux semaines, normalement, à mort... On s'attend forcément à un flash-back, il tarde à venir, il viendra. Comment son amour pour un petit prof pianiste à ses heures a pu la conduire là ? On pense que le flash mangera l'ensemble du film, on se trompe : il y en aura plusieurs mais ils seront loin de prendre l'essentiel du film ; J. Lee Thompson, de façon assez surprenante, se concentre sur les derniers (?) jours de cette femme, l'éblouissante Diana Dors - resplendissante par le passé, depuis qu'elle est enfermée, sans maquillage, elle prend des faux airs de Léa Seydoux (vous savez cette actrice qui donne l'impression d'être toujours fatiguée). Finie la liberté, l'amour, la jalousie, voici venu le temps non point des rires et des chants mais de l'attente, une attente infernale : quinze jours, quinze jours à recevoir des visites qui la saoulent, quinze jours à discuter avec les gardiennes qui se relaient jour et nuit à son chevet, quinze jours à attendre une grâce éventuelle, quinze jours à guetter chaque pas dans le couloir... On est sur les nerfs, confiné que l'on est avec elle par pure empathie...

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Après cette ouverture visuellement splendide, Lee Thompson va faire place à l'humain. On appréciera le caractère de chaque gardienne (la plutôt rugueuse, la plutôt molle, la plutôt gentille mais avec des limites...), ces femmes qui vont tenter autant que faire se peut de la "distraire' dans ces derniers jours, dans ces dernières heures. Chacun a sa personnalité, son rôle ; elles sont éventuellement "assistées" d'un chapelain ou d'une vieille dame aux allures de bonne mère qui vient apporter les dernières paroles réconfortantes à la condamnée. Le visage de Diana se creuse, perd de son éclat, de sa vie... Elle ressasse ce passé (mais cela serait à refaire, ne referait-elle pas la même chose, hein) mais devient également très attentive à chaque fissure de la cellule, à chaque tache dans le plafond, à chaque écaillage de peinture (j'adore ce genre de plans et de détails...). A quelques jours de la mise à mort, son regard s'aiguise et elle devient sensible à chaque couleur, chaque motif présent dans la cellule (c'est à cela qu'on sont qu'un cinéaste en a sous la pédale). Les flash-back s'achèvent, on peut comprendre son geste (toute proportion gardée, of course) et l'on sait que Lee Thompson va se faire un malin plaisir de nous faire encore macérer pendant plus d'une vingtaine de minute dans l'atmosphère de cette cellule ; la tension devient insoutenable, notre pauvre Diana, à mesure que les heures s'égrènent, perd le sommeil et on se dit qu'on est quand même bien content d'avoir survécu à cette charge de zébu, qu'en comparaison c'était rien putain... Le cinéaste anglais nous sert un nouveau suspense sur un plateau avec un cadre pour le moins minimaliste : une meurtrière, quatre murs, des gardiennes et une grâce qui se fait attendre... Encore un (thé) noir capital ou disons simplement bien corsé.  

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