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2 mars 2021

Le Traître du Far-West (The Virginian) de Stuart Gilmore - 1946

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Stuart Gilmore, 5 films au compteur, tous oubliés. Bon, ce n'est guère étonnant quand on découvre The Virginian, qui a la fadeur des longs dimanches pluvieux, malgré l'incontestable sincérité du film. Acteurs patauds, musique au kilomètre, scénario traînard, action dans les basques, le gars se montre incompétent à peu près à tous les postes, et si on sent bien qu'il veut nous faire plaisir, qu'il met tous ses efforts pour donner du charme à son western, il s'avère trop nazouille pour parvenir à quoi que ce soit. La première heure est même complètement exsangue, et on ne peut relever quelques moments de bravoure que dans la dernière demi-heure, un peu plus sentie. Une jeune institutrice gironde (Barbara Britton) part dans l'Ouest pour découvrir le monde et éduquer les jeunes masses. Sitôt arrivée elle se coltine la drague guère subtile de trois gusses : le salopard Trampas (Brian Donlevy, le regard naturellement fourbe), le gentil mais concon Steve (Sonny Tufts, à chier) et l'héroïque "Virginian" (Joel McCrea, qui s'économise complètement dans ce rôle). Son cœur ne balance que quelques secondes, elle s'éprend du dernier, mais il faudra un vol de bœufs, des fusillades et des pendaisons pour que le couple s'évade enfin sur fond de coucher de soleil.

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Comme je disais, la première heure se traîne misérablement, complètement privée de scènes d'action, de danger, de tension. Oui, ok, on sent bien que l'infâme Trampas pique en douce et en toute impunité le cheptel qui ne lui appartient pas, on sent bien qu'il y a tension dans l'air entre lui et l'impassible McCrea, on sent bien que son poteau Steve est sur la mauvaise pente. Mais toute "l'action" reste concentrée sur cette institutrice, avec cette question essentielle : qui saura la séduire ? On fait mieux comme sujet, surtout dans un western. Gilmore échoue à rendre cette partie intéressante, même si elle se situe dans des paysages agréables à l’œil et s'il se lâche pas mal sur le Technicolor. Par manque de moyens, il rate ses transparences, affreuses, et oublie complètement ses acteurs dans le marasme ambiant. Seule une petite séquence de train bloqué par les vaches amuse un moment notre œil éteint. Le joli minois de Barbara Britton ne fait pas tout : on s'ennuie sévère. Arrive alors la plus jolie scène du film, celle qui nous réveille un peu, la pendaison de trois voleurs, dont le pote de McCrea : les auteurs vont jusqu'au bout, il n'y aura pas de coup de théâtre salvateur, et la cruauté de cette scène est avérée. Enfin un peu de muscle dans cette histoire, se dit-on, d'autant que Gilmore semble sortir un peu de sa torpeur et réussir une belle mise en scène des rapports entre les deux hommes. Ensuite, il gardera jusqu'à la fin un assez bon rythme, notamment dans le duel final, une poursuite expéditive dans une ville envahie par les rafales de vent, muette et simple comme savent le faire les bons westerns. Rien d'inoubliable, mais enfin un peu de glamour... Le tout est appuyé par une morale simpliste (le dialogue entre l'institutrice et la femme qui l'héberge est sidérant : ouais mais moi, mon père il a tué plein d'Indiens, ouais mais moi, il est mort à la guerre) qui déifie la force contre la loi, ce qui finit d'enterrer ce minuscule film six pieds sous terre.

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Go old west, here

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