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27 février 2021

LIVRE : Le dernier Eté en Ville (L'ultima estate in città) de Gianfranco Calligarich - 1973 (2021 pour la traduction française)

unnamedVrai plaisir que celui de découvrir cet auteur italien à l'allure un peu maudite qui nous conte sur plusieurs mois ses maigres espoirs et ses multiples déboires dans cette bonne ville de Rome. Tout juste arrivée de Milan, notre jeune homme s'attaque à la capitale : ses soirées mondaines, ses jeunes filles en fleur, ses soirées de beuverie, ses amours tronquées, ses amitiés éternelles... Rien de bien original, sans doute, pour cet homme grand lecteur (et des références en la matière, monsieur) qui rêve d'écrire, au moins un scénario, et qui passe son temps pour l'heure à jouer les pisse-copies pour un journal de sport. Rien de bien glorieux, sans doute, mais notre jeune homme n'a pas non plus la folie des grandeurs : un appart laissé par des amis, une vieille Alfa Roméo qu'il aime à conduire, un taff purement utilitaire, il s'en contente, pour peu qu'à l'occase il puisse faire la bamboche avec l'un de ses meilleurs amis en traînant du côté de la place Navone (on ne peut lui donner tort) ou dans les petites rues du quartier de la Trastevere (rien que d'en parler, j'ai le goût des pâtes qui me remonte au nez). Et puis bien sûr, le péché de la jeunesse, l'éternel, l'incontournable passage obligé, la jeune femme, la plus belle fille du monde forcément, dont l'amour échappe... Nous aime-t-elle, l'aime-t-on, notre héros est à la fois devant elle en totale admiration et totalement impotent quand il s'agit de passer à l'acte... Trop de troubles tue la pratique... Mais qu'à cela ne tienne, cette Adrianna quelque peu capricieuse, quelque peu volage, n'est peut-être pas ce qui conviendrait le mieux à notre homme, solitaire, lecteur, rêveur, flâneur, sans attache...

On entre dans ce bouquin avec le même plaisir qu'on prend à se désaltérer à une fontaine romaine : notre personnage, comme tout jeune homme qui se respecte, pense qu'il est le dernier représentant d'un autre temps, en perpétuel décalage avec le monde qui se joue devant lui, tout en grapillant ici ou là ces petits instants de grâce : le regard d'une jeune femme, une soirée jusqu'au bout du bout de la nuit, l'errance des nuits romaines... Il n'a pas toujours d'argent sous la main, déconne un peu trop quand il a un trop plein d'alcool (il s'attaque notamment un peu violemment aux personnes en uniforme - ce qui nous le rend forcément sympathique) et aura droit à son lot de malheurs (la perte du pote ultime) et d'incompréhensions amoureuses (notre lot à tous). On passe, au côté de cet être humble qu'on a tôt fait de considérer comme un proche, quelques sympathiques nuits romaines même, pour ne pas dire "surtout", quand elles finissent en vrille... Agréable petite découverte qui nous vient d'un passé révolu (les années 70, diable) qui résonne pourtant comme si c'était hier (nostalgique d'un été, moi ?, non, pensez). Doucettement roma-nesque.

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