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26 février 2021

Scène de la Rue (Street Scene) (1931) de King Vidor

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Adaptation d'une pièce (d'Elmer Rice, saluée du Pulitzer en son temps), ce film de Vidor a la particularité de se passer entièrement dans la rue, devant un immeuble rempli comme un œuf. Une œuvre qui date de 1931 particulièrement bavarde puisque devant ces escaliers se croisent une vingtaine de protagonistes : toutes les commères du coin (et une bonne vieille langue de pute moraliste), des personnes d'origines diverses (italienne, nordique, germanique, ou encore juive), des gens d'en bas qui parlent de tout et de rien, de musique, d'enfants et, forcément, d'histoires d'amour plus ou moins avouables... La principale cible de ces dames (et de ces messieurs) est une certaine Anne Maurant (Estelle Taylor, gironde) qui entretiendrait une liaison avec un certain Steve, livreur de lait - marié, deux enfants, un beau connard. Son mari, à l'Anne, une espèce de ruffian peu sympathique commence d'avoir des doutes sur ces relations extra-conjugales... Sa fille, courtisée par de nombreux hommes (mariés (c'est de famille), jeune brut, ou doux rêveur (William Collier Jr. as Sam, le gentil garçon de la famille d'origine juive)), voit d'un mauvais oeil ces commérages lourdingues et la réputation faite à sa mère. Il ne faudrait surtout pas, dans ce quartier animée mais où les discussions restent généralement bon enfant, que la situation dérape... C'est toujours le risque...

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Unité de lieu, de temps, presque d'action (si on considère que la famille Maurrant concentre les attentions), on sent venir dès le départ, derrière ces langues qui vont bon train l'éventuelle tragédie en puissance... Il ne faudrait surtout pas que les mots soient pris au sérieux et mettent la puce à l'oreille à ce mari aussi aimable qu'une porte de Pôle Emploi. Avant que le drame éventuel se noue, on apprécie ce mouvement perpétuel qui se tient sur ce pas de porte ; on reconnaît les typiques individus d'un quartier, la vieille peau aigrie, le sage qui calme le jeu, le rigolard qui met l'ambiance, le petit dragueur du coin dont l'oeil frise devant chaque jupon, la fille légère et couche-toi-là sans forcément s'appeler Marie, le jeune romantique le nez toujours planté dans un livre... Bref, si on comprend assez vite qu'on assiste à l'adaptation d'une pièce, Vidor dynamise suffisamment sa mise en scène (et ses prises de vue - des plongées et des contre-plongées étonnantes qui donnent à voir ces "scènes de rue" sous tous les angles possibles) pour qu'on ne s'ennuie jamais devant ces multiples discours, ces petits flirts qui se nouent, ces suspicions qui prennent naissance. Et puis, et puis, est-ce bien la peine d'insister, il y a notre pimpante Sylvia Sidney dont l'apparition est un brin retardée mais dont l'arrivée nous comble de joie : elle est pétillante, jolie comme un cœur, souriante comme une violette... Elle attire les hommes comme le sont les papillons par les projecteurs d'un stade et sa bonne humeur irradie... Seulement voilà si ses petits baisers ne prêtent pas toujours au sérieux, ils ne permettent en rien de faire s'envoler toutes les menaces qui pèsent sur cet immeuble... Le final, qui convoque pratiquement la moitié des habitants de la ville de New York, mettra à rude épreuve les nerfs de notre Sylvia - qui, malgré les coups du sort, saura rester irrésistiblement les pieds sur terre, saura garder la tête froide... Un final plein de bruits et de fureur, comme si les mots avaient fini par se transformer en dangereux sortilège. Bien joué de la part de Vidor de nous tenir en haleine jusqu'au climax et d'avoir su maîtriser si tôt après la création du parlant le poids des mots. Ce soir, je reste fidèle, on ne va pas me la faire. On retrouvera bientôt Sylvia ? Et pourquoi pas, tiens...

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Commentaires
S
C'est aussi là http://shangols.canalblog.com/archives/2016/05/20/33843056.html
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P
En Technicolor enchanteur, restauré, chapelle-sixtinisé, elle est mignonne, la bougresse, dans The Trail of the Lonesome Pine. <br /> <br /> Sans blague. Rarement vu de si belles couleurs. <br /> <br /> <br /> <br /> A convolé 3 fois, la mâtine. Dont une fois pour 6 mois. Avait son caractère. Elle a écrit 2 livres. <br /> <br /> Le premier sur l'art de la broderie.<br /> <br /> Le second sur l'art de la broderie.<br /> <br /> A part ça, elle élevait des carlins... Ces petits chiens au museau en purée d'olives, et aux yeux qui globulent, voyez ? <br /> <br /> Ouais, hein ? Petit air de famille...
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