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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
18 février 2021

Blaise Pascal (1972) de Roberto Rossellini

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Il est bon de s'attaquer à la vie mise en images de notre cher héros clermontois même si l'essentiel de l'action se passe en intérieur et aux alentours de cette bonne ville de Rouen. Rossellini, dans les seventies, se met au film historique, quasi didactique pourrait-on même oser, pour exposer le destin de quelques-unes de ces figures du temps passé. Grand soin est donné aux décors, aux costumes (Isabella est assistante, c'est sans doute un détail pour vous), à cette petite touche que d'aucuns qualifieront de réaliste. Alors oui, on gagne en "posture", en scènes digne de tableaux, ce que l'on perd en mouvement - et en action, ajouteront certaines mauvaises langues, car oui, les explosions de carrosse sont rares. On plonge malgré tout les yeux fermés (oui, on s'entend) dans cette jolie reconstitution où la première joie consiste à réaliser que Blaise a les traits de Pierre Arditi - déjà juste, déjà parfait même quand il s'agit de sortir un texte diablement écrit et tortueux. Pascal, ses pensées, ses réflexions mathématiques, son humilité, son existence entre raison et dieu, sa maladie ; car oui, le pauvre garçonnet, on s'en rend rapidement compte, était apte aux vertiges et autres petits tourments du corps : des jambes plus lourdes que du plombs et un teint plus blanchâtre que l'albâtre ; qu'à cela ne tienne, notre ami songe et travaille nuit et jour. Rossellini nous montre notre Blaise en train de faire des expériences (la pression de l'air, le mercure...), de raisonner face à un compagnon de la Compagnie de Jésus sur l'existence du vide (accroche-toi aux branches, Jésus), d'évoquer l'infini face à un Descartes cartésien en diable (et sujet d'un prochain épisode, on a hâte, bordel !), de discutailler avec un compagnon de jeu sur la nécessité de parier sur l'existence de Dieu (car il n'y a rien à perdre, je le rappelle aux plus sceptiques qui n'auraient jamais eu l'idée de lire ces si divines Pensées), ou encore de tout nous expliquer, à nous simple bâtard, sur la géométrie de la cycloïde. Le type a des journées bien fournies, pris entre son esprit scientifique et son besoin de débattre face à des branle-manette de théologiens. Le type est brillant, mesuré, précis. Mais son état, lui, empire et ce n'est pas ces ersatz de médecins qui sont capables de deviner son mal. A l'aise, malgré tout, Blaise accepte son sort et va à la mort avec la même facilité qu'il eut à inventer la machine à calculer. Une mise en scène austère, il faut le rappeler, des scènes bavardes (qu'il s'agisse d'écouter le jugement d'une sorcière ou un discours de Descartes) mais un texte toujours dit de façon pointilleuse par des acteurs avides de faire passer le poids des mots. On est résolument au XVIIème siècle : on réalise tout le temps qu'il fallait à l'époque à un gentilhomme pour mettre sur son corps ses vingt-huit pelures d'habits (toute une histoire) et on prend plaisir à voir revivre cet ami Blaise dans ses élans spirituels à défaut d'élans sentimentaux - sans parler de ce stoïcisme devant la mort de ses proches tout comme la sienne. Un sage mort à 39 ans et une vie sobrement relatée en deux heures par un Rossellini soucieux, se dit-on, dans la composition de chaque tableau, de soigner chaque accessoire, chaque lumière, chaque clair-obscur. Du bel ouvrage un rien statique, sans doute.

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