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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
13 février 2021

Merrily we go to Hell (1932) de Dorothy Arzner

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On retrouve avec plaisir Dorothy Azner, seule réalisatrice d'Hollywood en son temps et qui va une nouvelle fois avec cette œuvre avoir les honneurs de la collection Criterion. Merrilly we go to Hell présente les joies du mariages sous un angle pour le moins caustique et éthylique : à ma gauche Fredric March, journaliste à l'humour pointu qui boit comme un trou depuis que la blonde actrice Adrianne Allen et son air peste l'a lourdé ; à ma droite, la cotillardesque Sylvia Sidney (j'avoue avoir un faible pour elle), fille d'un milliardaire, qui va tomber sous le charme de cet homme qui n'aspire dans ses rêves qu'à écrire des pièces de théâtre. L'homme picole sec, rate la fête de ses propres fiançailles et fait la même tête qu'eut fait Gols le jour de son mariage. On sent que Sylvia n'a pas fait le plus dur avec ce type finalement peu jouasse... Ils se mettent en ménage, notre gars tente de se sevrer, il y parvient, il écrit, n'est pas publié jusqu'au jour où, miracle, New-York le contacte : sa pièce est acceptée. March et Sidney partent bon pied bon œil sur la capitale mais rapidement un petit hic apparaît à l'horizon : Adrianne a été choisie dans le rôle principale... Elle fait les yeux doux à March et, comme un malheur n'arrive jamais seul, ce dernier se remet à boire. Pauvre Sylvia...

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Ah ma bonne dame, on savait y faire à cette époque-là pour nous trousser de la petite comédie romantique qui vire en moins de temps qu'il ne fait pour le dire au drame... Fusil, que les hommes sont sots et aveugles - et alcooliques... March, au fur et à mesure que le film avance, devient complétement antipathique (c'est assez rare dans ce genre de rôle de jeune premier) mais Sidney ne se démonte point. Il veut jouer au con, elle invente dès lors le "couple moderne" (les babos prennent 36 ans dans la tronche) : tu sors avec ta poule, je sors avec mes chevaliers servants (elle tombe sur Cary Grant dans l'un de ses premiers rôles, c'est pas loin d'être le couple parfait quand on y pense...). Chacun fait sa vie, semble-t-il, et le Fredric, homme parmi les hommes, commence à ressentir un pointe de jalousie... Mais comme il est bourré du matin au soir, qu'il a son amante à portée de lèvres et sa femme le soir quand il rentre, il ne change rien à ses petites habitudes - celle d'un vrai beau connard. Vous sentez la tragédie poindre ? Vous aurez droit à une fin borzagienne de la plus belle eau pour cette histoire d'amour qui parviendra peut-être sur le fil à dire ces trois mots maudits... Le drame de l'alcool (qui permettrait de tout excuser même l'inavouable) face à une petite donzelle jamais à court d'idées pour tenter d'infléchir son homme. La comédie fait tout place au pathétisme (March, saoul comme un loir, est généralement apathique), les bamboches de l'un comme de l'autre étant toujours teintées d'un arrière-goût de gâchis : il embrasse sa poule en public, l'amante rit comme une bécasse, elle est classieuse dans les bras d'autres hommes mais une tristesse infinie se lit dans son regard. Plus Sylvia est tolérante, plus il s'enfonce dans sa médiocrité. Même si le scénario est un poil prévisible, Sidney est étincelante dans ce rôle de femme blessée, qui tente de garder la face puis qui tente de faire face puis qui quitte cette mauvaise farce. Les joies d'un mariage qui baigne dans un fond de whisky, une comédie plus amère que douce avec une Sylvia Sidney en femme courage épatante. Un bon point pour Arzner malgré "le petit grain de folie et de surprise" qui manque à la chose.

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Commentaires
H
À la vision de "Mars Attacks", cela m'avai ttravaillé : je connais cette vieille dame, je la connais bon sang, mais qui est-ce ? Jusqu'à ce que je découvre avec émotion qu'il s'agissait de l'actrice de 'Fury' (essentiellement de ce film pour le très jeune cinéphile que j'étais alors — je découvrirais ensuite ses autres très beaux films des années 1930).
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F
C'est vrai qu'elle a un faux air de Cotillard, la Silvia Sidney.<br /> <br /> Je ne m'explique alors pas comment il m'est possible d'avoir, comme vous, et depuis toujours, un gros faible pour elle... et cette répulsion si vive et irrépressible pour l'autre ! <br /> <br /> Silvia a les yeux d'une gracieuse et émouvante grenouille. <br /> <br /> La Cotillarde d'un vilain batracien amorphe. <br /> <br /> Mystérieux élans du coeur...<br /> <br /> Vous vous souveniez qu'elle (Sidney) jouait dans "Mars attacks!" de Burton ? <br /> <br /> Moi non plus.
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