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Shangols
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13 février 2021

Topkapi (1964) de Jules Dassin

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Un film de Jules Dassin conseillé par Christopher Nolan ? Bah, ça vaut le coup d'essayer. Un bon vieux film de cambriolage, c'est de toute façon toujours bon à prendre, surtout quand on a aux manettes un artisan comme Jules : une bonne heure et demi de préparation, histoire de nous divertir avec les différents personnages, puis le vol en lui-même, presque trente minutes "en direct" : on est dans le méticuleux, dans l'art du cambriolage, chez les pros du fignolage, pas encore dans ces films d'action avec trois mille plans par seconde qui nous soule rapidos... L'objet du cambriolage : une dague sertie de pierres précieuses (pas plus original que cela) ; le lieu : un musée d'Istanbul (plus intéressant comme setting) ; la menace pour notre gang : l'état qui craint une attaque terroriste (et ses prisons, vous savez, celles où l'on tourne indéfiniment en rond) ; le gang en lui-même : Melina Mercouri, en cheffe pompidup, du charme à l'ancienne, cajoleuse, la bougresse, quand il le faut ; son partenaire : la belle gueule de Maximilian Schell, affable et consciencieux ; les acolytes : Peter Ustinov en Monsieur Lagaffe (rigolo), un spécialiste de la petite mécanique (pointilleux), ou encore un acrobate muet (reposant)... ; en bonus : Akim Tamiroff (encore lui, c'est sa journée sur Shangols) en gros poivrot cuisinier rigolard ; et roulement de tambour, le fils de, Joe himself dans un rôle crucial... Tout ce petit monde prépare ce coup du siècle alors même que la fête bat son plein dans cette Turquie bariolée (jolie petite visite touristique au passage) : le temps d'une fête foraine, avec en prime un combat de lutte huilée entre mâles, le coup se met en place alors même que les autorités sont sur les nerfs, surveillant chaque fait et geste de cette petite troupe étrangère suspicieuse... Seulement voilà, à malin, malin et demi - mais qui est le malin initial ?

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Pas toujours facile de mêler comédie et thriller mais Dassin s'y essaie et réussit plutôt bien son coup. Après nous avoir diverti avec des personnages hauts en couleurs (le gang et sa petite tribu chamarrée ; les autorités turcs et leur tronche de cake aux raisins secs), après nous avoir baladé dans cette Turquie beaucoup plus festive qu'on l'eut crue et joliment filmé par le grand Alekan, vient le gros morceau : fini la rigolade, Ustinov (remplaçant de dernière minute - pressé par les autorités pour lesquels il joue les espions sans conviction) doit braver sa peur du vide et avoir des nerfs d'acier pour ne pas tout faire foirer. On est dans du vol de haut vol, au millimètre, et on se rend compte au passage que Mission Impossible a piqué pas mal de chose au bon Jules ; on suit ce cambriolage minute par minute, chaque goutte de sueur prenant sa place, chaque détail prenant sa part. On se dit toujours que, dans ces cas-là, même quand on a prévu l'imprévu, même quand on a pensé à la toute dernière seconde à ce qui pourrait faire foirer la chose, le hasard a toujours sa place... Dassin filme droit, sans doute plus à l'aise dans l'aspect polar que dans l'aspect rigolard et livre une petite pirouette finale toute en légèreté - le vol parfait existe-t-il ? Maybe... Film dépaysant et très honnête dans le genre avec en plus une autre bonne nouvelle : on est loin d'avoir encore écumé toute l'œuvre du Jules.

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