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12 février 2021

Les Poupées (Le Bambole) (1965) de Dino Risi, Luigi Comencini, Franco Rossi & Mauro Bolognini

Alors oui, me direz-vous, les films à sketches, on en revient souvent très vite ; on a heureusement ici quatre pointures qui aiment à contempler la gent féminine et qui finissent par nous servir quatre petites histoires assez plaisantes (un léger moins pour le Comencini et un léger plus pour le Rossi) sans pour autant nous lasser. Cela relancerait presque notre goût pour le "genre".

Le Coup de Téléphone de Dino Risi

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O Gloire à Virna Lisi et son corps qui rendrait dingue n'importe quel être sensible à la beauté. Ici c'est l'excellent Nino Manfredi qui s'y colle (Manfredi, c'est le mec qui joue le mieux l'effarement), mariée avec la belle et concupiscent comme pas deux. La belle gît sur le sofa, lit, dans une tenue qui semble vouloir dégringoler au moindre souffle. Manfredi la mâte en sous mains, attaque deux lignes d'un livre avant d'en avoir soupé, et commence à se rapprocher d'une Virna aux jambes infinies et au regard de louve. Il pense que sa douce va finir par comprendre le message seulement voilà, le téléphone sonne et c'est le début d'une discussion entre sa femme et la mère d'icelle qui va le rendre dingue. On sait l'Italienne bavarde, deux italiennes, c'est mort. Nino ronge son frein et commence à zyeuter la voisine qui se trémousse sur la terrasse d'en face. Non, quand même, il n'osera pas... C'est Virna ! L'autre, c'est certes l'époque, à trois choucroutes sur la tête... Il osera, le bougre ? Alors oui, c'est de la comédie brute, mêlant italiennement sensualité et rires en sourdine (Manfredi qui tente tout pour faire cesser le coup de fil ; Manfredi en calbute ; Manfredi et son désarroi absolu : ses bras lui tombent, sa langue est pendue, son regard hagard). Certes, la femme n'est ici que pâture mâle mais on comprend aussi toute la torture ressenti par Nino devant une Virna si désirable lui échappant pour quelques mots, encore quelques mots, pour un bavardage sans fin et sans grand fond. Un aperitivo qui nous met en jambes.

Le Traité de Génétique de Luigi Comencini

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O Gloire à Elke Sommer et son air mutin. Cette dernière, étrangère dans cette cité romaine, tente de trouver l'homme parfait. Elle est aidé en cela par un manuel qui détaille précisément les caractéristiques attendues (taille du mollet, forme de la nuque, etc...). C'est donc ici une femme qui mène la danse et qui juge le mâle uniquement par sa plastique. Ça change de la comédie purement machiste et c'est assez plaisant en soi. Les hommes paradent et on avoue personnellement plus lorgner sur les endroits traversés (Place Navona, one point, on est là pas loin ici de la Villa Médicis, two points...) que sur ces corps et ces hommes qui font les marioles. Maurizio Arena joue les guide et se désespère de la voir regarder tous les hommes au potentiel physique pré-établi par le bouquin... mais point lui - et ce d'autant, qu'une fois de retour chez elle, elle se balade en dessous devant lui, plaisante avec lui, bref le titille... On pense que l'Elke, droite dans ses principes, finira par trouver ce qu'elle cherche... mais l'amour, (attention spoiler) finira par triompher face aux principes (Ok, pourquoi pas) et cette femme si sélective finira... comme bobonne avec ses gosses à la maison. Une chute pour le moins décevante.

La Soupe de Franco Rossi

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O Gloire à Monica Vitti, la femme qui a le plus de chien au monde, la seule à pouvoir me toucher par son air candide et à me faire penser à un épagneul breton (j'adore les épagneuls bretons - cette tristesse du regard et cette air compatissant). Vitti a une vie de merde quoiqu'elle en pense : un mari chaque soir qui bouffe ses pois et ses pâtes avec des grands slurrrrp, un type qui ne ressemble plus à rien et qui la touche moins que si elle était cas contact. Bref, Vitti a décidé de se débarrasser du gars, il faut savoir parfois prendre les décisions qui s'imposent... Elle s'adresse à un routier, puis à des malfrats, puis à son amant... Le hic c'est que le type semble immortel, réchappant à chaque fois miraculeusement au sale plan. Vitti s'enfonce dans la déprime : chaque soir après avoir fait semblant de pleurer les larmes de son corps en public (ô mon dieu, il est arrivé quelque chose à mon homme !), l'autre réapparaît tout de guingois, indestructible. C'est à la fois terriblement noir et très drôle : on compatit tellement à sa peine, on aimerait tant le voir disparaître de sa vie et le revoilà reslurpant tous les soirs sa bouffe d'un air abruti... Vitti est excellente, autant par le charme qu'elle déploie au moment opportun (elle emballe son amant en deux-deux), que par sa mine défaite chaque soir que dieu fait (en trop). Caustique à point, délicieusement noir.

Monseigneur Cupidon de Mauro Bolognini

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O Gloire à Gina Lollobrigida et son air effronté, et ses allures de prima dona irrésistible. Gina est la femme du patron d'un hôtel qui reçoit, en cette période particulière, que des hommes de religion. Elle désespère (on comprend qu'avec son mari, l'amour a fait ses malles depuis longtemps) jusqu'à l'apparition divine de Jean Sorel (des faux airs de Travolta ado ?) accompagné par son oncle prêtre (Akim Tamiroff). Elle flashe sur le Jean et va tout faire pour attirer son attention... Seulement ce dernier, un peu benêt, ne voit rien et la Gina va devoir faire preuve d'une finesse terrible pour qu'il comprenne : elle bassine l'Akim en lui disant que le Jean ne cesse de la harceler ; elle espère bien que par la bande, l'autre finira bien par comprendre qu'elle n'attend que lui... Forcément, tout semble se mettre en place pour rendre cette aventure impossible. Gina fait preuve de tous ses talents pour attirer le chaland, aussi brûlante en dessous que maline pour mettre en place son stratagème. C'est enjoué et drôle (les mines de la Gina, les colères d'Akim, les mésaventures des six frères franciscains...), la frustration sexuelle de l'une puis de l'autre faisant à chaque minute monter un peu plus la tension. Du charme, du calcul et de la manipulation, du rythme, un sympathique petit épisode pour conclure ce cycle sur des "poupées" qui sont loin d'avoir la tête bourrée de chiffon. Viva Italia, si ?

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