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13 février 2021

LIVRE : Oyana d'Eric Plamondon - 2019

9782253181149,0-6971065Le bon Eric Plamondon a droit à l'erreur après ses trois ou quatre bonheurs précédents : c'est chose faite avec ce roman ni fait ni à faire, pour tout dire assez raté à tous les points de vue. Toujours friand d'autres cultures et d'autres horizons, le bougre s'embarque cette fois dans une sombre histoire se déroulant sur fond d'attentats de l'ETA pendant les combats qui opposèrent les indépendantistes basques et l'Etat. L'héroïne, basque, a trempé presque malgré elle dans une action meurtrière, elle est devenue ennemie publique à la suite d'une tradition familiale mal assumée, la voilà donc immigrée au Canada, où elle a caché son passé à sa famille. Mais à l'occasion de la dissolution de l'ETA, elle décide de tout claquer et de revenir sur ses terres pour voir ce qui reste de ses amis, sa famille d'origine, son pays et ses convictions militantes. Le sujet peut intéresser les compatriotes canadiens de Plamondon, qui doivent être peu au fait de cette partie de l'Histoire de France, et qui peuvent peut-être y voir des ponts avec leur propre culture. A ce titre, le livre a des raisons d'exister. Mais pour un Français de base, l'histoire du Pays basque est trop connue pour qu'il puisse se contenter de cette vision de surface et de ces quelques motifs légèrement clicheteux. On traverse à toute vitesse les différents événements sanglants qui ont fait cette guerre civile, on tire des ponts entre eux et la guerre d'Espagne, on réfléchit deux secondes aux dilemmes auxquels furent soumis ses combattants, et c'est plié : beaucoup trop court pour être passionnant, et pour être autre chose qu'un catalogue léger de ce pan d'Histoire. On pourrait à la rigueur se raccrocher à cette Oyana, au destin si compliqué, mais Plamondon la brosse à gros traits, la rendant antipathique et pas assez complexe. A l'instar de ses autres personnages, celui-ci apparaît comme une statue de marbre symbolique, et a du mal à acquérir une texture humaine qui aurait pu nous la faire aimer. Pire : enfermé dans la véracité de son contexte, trop soucieux d'authenticité, le gars oublie d'écrire, et réalise un roman assez banal dans son style. Impardonnable pour le brillant auteur de 1984. Ce petit roman inutile passe comme un souffle dans la vie de son lecteur, on lui en veut un peu, mais on passe à autre chose.

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