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12 février 2021

Dieu et mon Droit (The Ruling Class) (1972) de Peter Medak

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Ah ces diables d'Anglais toujours capables du pire comme du pire, aussi, et du meilleur (allons, on a une faiblesse ?). Reconnaissons que cette œuvre de Medak (adaptée d'une pièce et d'un spectacle que je ne connais point), sûrement trop longue, sûrement par trop foutraque, conserve quelque chose d'hallucinant et qu'il serait sans doute difficile de faire de nos jours un bazar aussi abracadabrant, décadent, fou furieux, délirant, grotesque... Cette fucking English ruling class nobiliaire en prend pour son grade, l'œuvre tirant à boulet rouge sur des aspects aussi divers que la religion, la tradition, l'héritage, la domination, l'abus de pouvoir, le rétablissement de la peine de mort... Tous ces thèmes sont traités sur un mode un peu bordélique, par l'intermédiaire d'un Peter O'Toole proprement hallucinant, habité, qui, dernier né d'une grande famille, se prend pendant toute la première partie du film pour Jésus-Christ puis, dans la seconde, pour Jack l'Eventreur... Ah oui, excusez du peu... Pour faire court, niveau scénar : à la suite de la mort de son père dans des conditions pour le moins étranges- (le type a l'habitude, le soir, de se pendre dans sa chambre - un jeu galvanisant comme un autre... jusqu'à ce qu'un soir sa mise en scène foire - et le couillon se pend), Peter O'Toole, depuis huit ans traité dans un asile pour quelques troubles de la personnalité (...), devient l'unique héritier du domaine au grand dam du reste de sa famille (oncle et tante en premier lieu). Ces derniers n'ont en tête plus qu'un but, marier Peter, lui faire faire un enfant, le destituer et devenir tuteur du bambin pour rafler la mise. Forcément tout ne se passera pas comme prévu.

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Alors oui, la chose étonne détonne, montypythonne même parfois, certains numéraux musicaux partant aussi fugacement qu'un pet, l'humour grivois (par le biais du serviteur mais aussi de la gente féminine) étant tout du long au rendez-vous, mais en même temps, on se dit que ce spectacle total manque un peu d'une ligne directrice forte, le spectateur subissant certains numéros sans en voir toujours l'intérêt. C'est Peter qui porte le filme sur ses épaules, tout de miel quand il interprète un Christ (qui aime forcément à prendre la pause sur sa croix), fantomatique en Jack qui dégaine sa dague de façon aussi subreptice qu'inattendue. Peter-God is love (mais complètement barré, doux dingue en quelque sorte), Peter-Jack is death (d'une cruauté totale, une véritable folie meurtrière s'emparant de lui) avec, entre les deux, une scène d'exorcisme qui dure des plombes : un autre allumé, se prenant lui aussi pour Dieu, envoie littéralement sa foudre colérique contre un Peter sous-électrochoc... Sa schizophrénie s'estompe donc pour un temps, pour laisser place à une autre, encore plus redoutable finalement... Reconnaissons que derrière ce portrait au vitriol d'une classe décadente, opportuniste, hypocrite, égoïste, "vulgaire" pour ne pas dire basse (la trahison de O'Toole vis-à-vis du serviteur, le summum du coup bas - d'autant plus dommage que ce personnage était, après Peter, sans doute le plus rigolo), derrière ce spectacle total où tout peut arriver, où l'on passe du romantisme le plus pur (une petite valse amoureuse) au strip-tease grossier (la nuit de noce de Peter dont la compagne n'a pas froid aux yeux), de l'humour le plus caustique au discours le plus glaçant (la volonté des lords de rétablir la peine de mort), de la folie douce à la folie dure, derrière cette mise en scène extravagante et non dénuée d'un certain tempo, on demeure parfois un peu perdu devant ces discours un peu vasouilleux et ces "nobles" personnages moulés dans la cire. Difficile du même coup de se dire totalement sous le charme de cette œuvre monstre, ambitieuse, proprement délirante : il y a parfois chez Medak comme une certaine petite auto-suffisance dans certaines saynètes de cette farce bouffonne qui tire un peu en longueur et nous égare un brin en cours de route. Une oeuvre sur la crème anglaise ambitieuse et goûtue (indéniablement) mais à l'esbroufe parfois à la limite du bourratif. Anglais, quoi.   

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