Les Poussières (1953) de Georges Franju

Envie d'un grand nettoyage de printemps avant l'heure ? Regardez donc plutôt Les Poussières du gars Franju qui, à l'époque, se fit un devoir de nous mettre en garde contre ce fléau : de la poussière de lin à la poussière de silice (qui te nique les poumons vegra), Georges nous fait un petit tour gratuit de toutes ces belles activités industrielles polluantes et de ces ouvriers qui se protègent comme ils le peuvent : il est bien sûr question de masques (un voyant, ce Franju) mais aussi de talc que se mettent sur le visage et les mains les ouvriers des usines de charbon. La silicose reste la maladie qui tient la corde au niveau des dangers pour l'homme : nombreux sont les travailleurs qui se retrouvent exposés, qu'ils transforment les galets en sable ou qu'ils fabriquent des assiettes en porcelaine de Limoges... On découvre lors de cette petite visite de la fabrique des ouvriers habiles de leurs mains, certes, mais également une sorte d'équilibriste sorti tout droit d'un cirque capable de transporter des dizaines de trucs cassables en les faisant tenir sur une longue poutre sur sa main et sur sa tête - je découvre ainsi un autre métier cauchemardesque pour ma pomme qui tient le haut du pavé avec chauffeur de bus (bus qui a bien failli avoir raison du gars Shang cette semaine mais on ne va pas commencer à se plaindre avec ces cinq longues semaines de repos enfermé qui s'annoncent). Franju rend hommage à tous ces ouvriers qui avancent plus ou moins masqués face à ses menaces microscopiques. Un reportage qui fout les pétoches (Gols a bien fait de faire libraire, c'est moins exposé - quoique) et qui montre ô combien l'homme sait tout autant détruire la nature avec ses usines, ses mines et autres carrières à ciel ouvert que gentiment s'auto-détruire ; Franju nous achève en évoquant les particules des bombes atomiques et nous souhaite une bonne fin de journée, l'enfoiré. Quelques minutes et des poussières qui ont leur poids. Putain de poussières.