Elle veut tout savoir (Jag är nyfiken - en film i blått) (1968) de Vilgot Sjöman

Plus de treize ans après avoir vu le premier opus de ce diptyque (la partie jaune - pour le coup, on ne peut pas dire que j'étais vraiment curieux de connaître la suite...), découverte de cette seconde partie (la partie bleue, donc) où l'on retrouve une Léna toujours aussi curieuse et vagabonde. Evacuons d'entrée de jeu l'aspect scandaleusement sexuel (...) de la chose (une bombe, à l'époque, ce machin suédois) qui demeure tout de même ici relativement limité : un couple lesbien qui se fait de gentilles caresses, un couple black and white qui se fait de petits bisous, une femme forcée par son mari à aller voir entre les jambes d'icelui (peu ragoutant) et quelques coucheries de notre héroïne qui finit avec la chtouille - autant dire, que l'amour est finalement un peu triste. L'essentiel est à n'en point douter ailleurs, autant dans cette petite attaque dans les formes de cette société suédoise un poil sclérosée que dans le cheminement (à vélo) totalement libre de cette jeune femme sans a priori et décidément bien curieuse. Au niveau politico-sociétal (...), on a droit à des réflexions un peu douteuses quand on interroge des personnes relativement aisées sur le concept de société de classe... Que nenni, répondent-ils en bloc (forcément), de même, d'ailleurs... que les ouvriers pareillement questionnés (oups).

Diverses interviews émaillent cette œuvre, sur le sexe, la contraception, la religion (ce type tout droit sorti d'une sorte de secte chrétienne interrogé dans la voiture fait froid dans le dos - un jeune homme "moderne et propre sur lui" sortant d'une caverne), le milieu carcéral (il est beaucoup question de constructions de prisons, mais le sujet des conditions de vie en prison reste finalement jamais traité en profondeur...) et que sais-je encore... Les gens donnent superficiellement leur avis et avouons que c'est parfois un peu répétitif et lassant... Tout comme finalement cette sorte d'errance de Léna à vélo dans les campagnes suédoises avec, heureusement, quelques micro-éclats : une baignade à poil dans un lac avec une amie (libération ! je crie ton nom) ou encore cette belle ambiance entre chien et loup lorsque Léna surprend chez lui ce couple lesbien (filmé sans aucun voyeurisme, la douceur et la chaleur se reflétant dans ce paysage extérieur remarquablement filmé - ah si). Ah c'est toute une époque, traitée dans un film qui se retrouve un peu le cul entre un petit côté arty et un aspect politique de bon aloi (avec son lot tout de même de causticité - à l'image de ce militant pacifiste qui violente sa femme entre quatre murs, pas cool), une œuvre un peu brouillonne et bordélique (et je passe sur le côté "film dans le film" qui n'ajoute pas grand-chose si ce n'est une sorte de distanciation guère utile) finalement bien de son temps. Un doc, vintage, pour les fous-curieux de cette ère libertaire et engagée.