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20 janvier 2021

La Rivière (Hé liú) de Tsai Ming-Liang - 1997

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Arf je n'ai jamais été un grand fan de Tsai Ming-Liang, qui peut se vanter de fabriquer des films auxquels je ne comprends goutte. Bêtise de ma part ou incapacité de sa part à se faire comprendre, je ne saurai dire, mais voilà : à la revoyure aujourd'hui, La Rivière me laisse dans le même état hébété qu'il y a 25 ans. Règle scrupuleuse que j'ai trahie aujourd'hui : je suis allé voir ce qu'en disaient les critiques. J'ai ainsi appris que le film parlait d'inceste, ce qui m'a complètement échappé, et ce qui est même à mon avis discutable. A mon avis, il est plus question de non-dit entre un père et son fils, d'impossibilité de communiquer, ou un truc du genre. Bon, ce blocage familial a pour résultat deux choses : un blocage du coup hyper douloureux pour le fils, qui augmente d'ailleurs au cours du film et le tord comme un zombie ; et l'inondation de la chambre du père. Deux "états" symboliques d'un manque de parole de part et d'autres : le film est en grosse partie muet, certainement pour mieux cacher l'homosexualité de l'un et de l'autre, qu'ils assouvissent dans des bordels pour michetons, dans des scènes de sexe brutales et guère sentimentales.

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Contemplatif, c'est le mot pour décrire ce cinéma qui fait de la lenteur son cheval de bataille, qui oblige le spectateur à contempler pendant de longues minutes des plans-séquences répétitifs, bien souvent vides, coupés bien après que le motif principal ait eu lieu dans le cadre. Il faut reconnaître qu'on est très intrigué par ce cinéma très formel, expérimental, qui repose sur une seule idée et tient deux heures dessus. Tsai sait filmer, cadrer, doser de façon millimétrée ses tempo et sa "narration" (si on peut appeler ainsi cette quasi-absence de trame), et bien souvent ces images happent et vous hypnotisent durablement. On ne s'ennuie pas, alors même que rien ou presque ne nous est raconté, simplement parce que ces plans sont beaux, sont forts (ce jeune mec tordu dans tous les sens, ces étreintes furtives dans la pénombre, ces travellings le long des routes à bord d'une moto), et qu'on sent bien qu'ils cachent quelque chose de plus que ce qu'ils montrent. Dès le départ, avec cette présence du cinéma dans le cinéma, on se rend bien compte que Tsai veut raconter quelque chose de plus puissant qu'un torticolis et une fuite d'eau. Mais quoi ? La présence des fluides en tous genre (eau, sperme, produits médicaux, larmes) donne un indice : tout le film est plongé dans l'humide, et finit même par prendre complètement l'eau lors de la scène d'inondation finale (d'ailleurs enfin résolue par une femme, au caractère plus discret mais importante). Alors oui, mais et après ? Je devrai avouer mon incrédulité et me contenter de cette piste : deux hommes proches, qui ont beaucoup en commun (dont leurs pratiques sexuelles) n'arrivent pas à se parler, et vivent chacun un problème sans que l'autre ne puisse rien y faire. Pendant deux minutes, ils sont proches pourtant de trouver un terrain d'entente : le vieux, assis à l'arrière de la moto, tient la tête du fils qui conduit. Mais ils resteront étrangers l'un à l'autre, et le film se refermera sans avoir rien résolu de leurs soucis de communication. Bon. C'est tout ce que je vais pouvoir faire pour vous.

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