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14 janvier 2021

The King of Staten Island de Judd Apatow - 2020

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Toutes les qualités habituelles d'Apatow, tous ses défauts aussi : on ne change pas une équipe qui gagne. The King of Staten Island est présenté partout comme le "film de la maturité", celui enfin sorti de l'adolescence et des soucis puérils et qui s'ouvre vers un style plus adulte. Mouaif... En tout cas, il raconte la vie d'un personnage apatowesque en diable : Scott est un adulescent de 24 ans dont la vie s'est quelque peu figée depuis la mort de son paternel. Depuis, il glandouille, fume de l'herbe, participe à des braquages pendables et baisouille avec sa copine d'enfance, toujours coincé chez môman alors que sa sœur s'émancipe et quitte le foyer, rêvant vaguement d'un grand projet de salon de tatouage-restaurant (...). Mais voilà que sa mère s'amourache d'un pompier de passage, ce qui va remettre en question le confort et l'absence de questionnements de notre loser, d'autant que son père était lui aussi pompier. Notre gars va grandir, arrêter de dire des gros mots, accepter enfin un emploi rémunéré et reconnaître son amour pour Kelsey, dans toute une deuxième heure bien entendu hyper conventionnelle et mièvre comme Judd en a le secret depuis toujours. On ne cesse de s'étonner devant l'imagerie judéo-chrétienne très classique de ce cinéaste qui par ailleurs aime faire dans la provocation, écrire des gags trash et user d'un langage fleuri. Cette fois encore, il tombe dans des travers très bourgeois, dans un travail-famille-patrie considéré comme le sine qua non d'une vie accomplie, et ça fait franchement mal au sein.

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Mais avant cette deuxième heure où le rose bonbon envahit tout, on a tout de même droit à une première amusante et plus intéressante. Le personnage principal est suffisamment amusant pour qu'on suive ses pitoyables aventures le sourire aux lèvres, même si le film est curieusement dépourvu de gags ou de répliques qui font mouche. Véritable punk, capable de tatouer de force un gamin de 9 ans, de foutre en l'air la fête organisée par sa sœur ou de péter la gueule à l'amant de sa mère, il semble totalement irrécupérable, et c'est d'ailleurs bien dommage de le voir rentrer dans le rang avec autant de facilité par la suite. On aime son inadaptation complète, son nihilisme noir, son incompréhension des liens sociaux et de tout ce qui l'entoure en général. Les gens autour de lui sont pourtant tout en bonne volonté (excellente Marisa Tomei dans le rôle de la mère), mais lui a décidé qu'il était chiant et il l'est. Le film, un pleu bluesy, un peu déprimé, très alangui, use d'un rythme étrange, ni tout à fait enlevé comme une comédie classique peut l'exiger, ni tout à fait lent. C'est mille fois trop long, comme tous les films du gars, mais en même temps on ne s'ennuie pas, c'est bien rempli et plutôt bien écrit dans l'évolution du personnage. Il ne se passe rien, et il se passe plein de choses là-dedans, notamment entre Scott et les enfants de Ray, son nouveau beau-père : dans ces scènes-là, on sent bien la part d'enfant et d'adulte en devenir de Scott, ce sont sûrement les scènes les plus justes du film, avec celles autour de l'équipe de pompiers rigolards et dignes (il a vieilli, Buscemi, diable). Tout ça est honnêtement mis en scène, assez joli à regarder (belle photo) et profondément personnel, tout ancré soit le film dans ce quartier de Staten Island, pas le plus photogénique des endroits et pourtant montré avec beaucoup d'amour. Regardez donc la première heure, zappez la dernière, et vous obtenez un petit machin attachant et parfois touchant, amusant et furieusement indépendant.

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