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11 janvier 2021

Trois Amours (Mittsu no ai) (1954) de Masaki Kobayashi

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Sous des grands airs d'alléluia (ouais, pas facile d'entrée de jeu de ne pas crisser des dents), Kobayashi nous offre cette variation en trois temps sur des amours... tristes. Amis du pathos, soyez les bienvenus, dans cette triple histoire d'amours frustrées. Il est donc question, pour commencer, d'un gamin, véritable point central du film, une sorte de fool on the hill puisque notre ami, passionné par les oiseaux qu'il imite d'ailleurs très bien, est un simple d'esprit... Il bénéficie bienheureusement du regard bienveillant de sa mère (son père, lui, mettra des plombes pour vouloir le couver de son aile), de celui d'un gamin confié par sa mère (pauvre) à des commerçants (profiteurs) du coin et de celui d'un prêtre et de la nouvelle maîtresse d'école. Ces deux derniers individus ont chacun, pourtant, le cœur déjà chargé : le prêtre fut quitté par sa compagne avant qu'il décide de se réfugier dans les ordres - aujourd'hui, très malade, elle l'appelle à son chevet et lui, pauvre pêcheur, toujours prêt à donner des leçons de vie aux autres, hésite ; la maîtresse, quant à elle, également malade, décidément, ne veut point être un poids pour son compagnon peintre : elle l'enjoint à vivre sa vie d'artiste sans se tourmenter pour elle et ce dernier, plus pataud que vraiment méchant, peine non seulement à lui déclarer sa flamme mais en plus s'éloigne... Bref, ça sent le coup de grisou.

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Heita, imbécile heureux ? Peut-être, mais il celui, innocent, qui ne calcule pas, est fait montre d'une foi sacrée envers ces bêtes à plumes et ces insectes à ailes. Pur, en quelque sorte, il est celui qui attire les âmes charitables et qui (jeu de mot un peu trop facile) provoque le plus d'envolées lyriques lorsqu'il bat notamment la campagne aux côté de son pote, la tête dans les airs... Il faut reconnaître, sinon, que le ton est bien morose et sombre. Les hésitations du prêtre (bonne pâte mais un tantinet rancunier), les tergiversations du peintre (un poil aveugle et égoïste), les rejets du père de Heita (universitaire qui ne pense qu'à sa carrière), les brimades des enfants envers Heita... n'en jetez plus : on ne peut pas dire que ce soit franchement la fête dans cette campagne où chacun semble éprouver toutes les difficultés du monde pour vivre en paix (avec son passé, avec son compagnon, avec sa progéniture). Quelques coups d'alléluias plus loin, certains individus sembleront trouvés le chemin de la rédemption... mais un peu à contre-temps, voire franchement à la bourre... La dernière tragédie finissant de donner un coup de traczir (si, ça existe) à ces trajectoires humaines qui n'ont sans doute pas toujours su cueillir à temps les fruits du bonheur - le christ a souffert pour nous mais, putain, sans doute pas assez pour prendre toutes les malheurs du monde sur sa croix. Un film assez amer avec, disons-le, un arrière-goût chrétien un peu appuyé (l'hostie collera toujours au palais), mais qui permet tout de même de faire un portrait, disons, assez attachant, de ce gamin innocent aux mains pleines (de plumes). Un Kobayashi des débuts malheureusement un peu plombé (comme on le ferait d'une palombe dans le sud-ouest) par le pathos.

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