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4 janvier 2021

SERIE : A Young Doctor's Notebook - saison 1 de Alex Hardcastle - 2012

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Un livre de Boulgakov adapté par les plus anglais des auteurs et interprété par les plus british des acteurs ? Je demande à voir. Bon, Boulgakov a dû se retourner un peu dans sa tombe en voyant le résultat, mais je dois dire que je suis tombé sous le charme de cette toute petite série un peu bancale mais très attachante. 4 épisodes d'une vingtaine de minutes, et c'est plié, c'est dire la modestie de la chose, qui a pourtant eu le temps de diffuser un ton très original, entre farce et tragédie. C'est donc la narration des aventures d'un tout jeune docteur russe à peine sorti de ses livres de médecine, muté au fin fond de la campagne russe dans les années 1910. Il est très vite confronté à la réalité du terrain, c'est-à-dire à une succession de tares endurées par des paysans consanguins et brutaux, qui traitent la syphilis comme un bon rhume et perdent leurs membres voire leur vie comme d'autres leurs lunettes. En plus de ces patients, comment dire, rustiques, le pauvre Dr Blomgard doit se fader des collègues peu amènes, entre la vieille encore complètement dans le souvenir énamouré de son prédécesseur, le barbier chelou et la servante aussi aimable qu'une porte de goulag. Il va s'en tirer grâce à la drogue, sous les yeux de... son propre double qui l'observe et lui parle depuis un lointain avenir.

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Le ton du film, ce qui fait son charme, c'est que cette histoire soviétique en diable est narrée d'un point de vue britannique, donc exotique et plein de clichés. C'est Daniel Radcliffe qui joue ce docteur dépassé, on fait mieux comme caractère russe, et c'est John Hamm qui interprète son double mûr, pas vraiment la tête à chapka de l'emploi. Les auteurs jouent à fond de ce curieux anachronisme, transformant la Russie profonde du début du XXème siècle en territoire sauvage, rempli de loups, de neige et de personnages patibulaires, ne se cachant pas de leurs a-priori occidentaux quand il s'agit de décrire les conditions de travail de notre docteur, l'inadaptation du monde à ses ambitions, la brutalité à laquelle il est confronté. Le roman de Boulgakov est pourtant bien là, avec ses étapes obligées (l'intervention pendant la tempête de neige, l'opération pratiquée à l'arrache, l'hostilité de la population) et avec son ton, même, à la fois drolatique et effrayant. La bonne idée, c'est d'avoir transformé ce journal lu par le docteur vieillissant en la présence concrète du double de Blomgard : le médecin mûr regarde le jeune se perdre dans la drogue et les doutes, tentant d'intervenir mais bien conscient qu'il n'y peut rien, tourmenté lui-même par les conséquences de ses actes passés. La série est très plaisante, malgré ses défauts (des effets spéciaux de reconstitution assez moches, des personnages caricaturaux, une certaine hystérie dans le jeu) ; par l'audace de ses choix, par la conviction de Radcliffe (qui s'en sort très bien), par l'originalité d'ensemble, par l'aspect presque "Hammer" de son esthétique avec ses maquillages outranciers et ses ambiances de film d'épouvante. Singulière série...

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