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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
7 décembre 2020

Aveux, Théories, Actrices (Kokuhakuteki joyûron) (1971) de Kijû Yoshida

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Pas à dire, Yoshida, et on ne va pas s'en plaindre, est un cinéaste exigeant qui, même lorsqu'il rend hommage aux actrices, ne peut s'empêcher de livrer un film à la structure narrative complexe. Trois femmes, trois actrices, face aux affres de la création, entre rêve, fantasme, trauma et tromperie... On pourrait tenter de les distinguer, "celle au tempérament plutôt suicidaire", "celle obsédée par ses propres rêves", mais, comme pour mieux respecter l'entremêlement de ces histoires, autant énoncer ces différentes confessions et autres divagations en vrac. Vous allez me dire, mouais, en plus cela permet de ne pas trop s'attarder sur les zones d'ombre de l'histoire - eh bien, pour une fois, vous avez tout compris. Parce qu'en effet, il faut s'accrocher plus d'une fois qu'à son tour, pour suivre les méandres de ces aveux, pour pénétrer la psychè de ces actrices qui joue à jouer à jouer à jouer à tel point qu'elles-mêmes semblent ne plus trop savoir ce qui relève de la réalité et du mensonge... Le moins qu'on puisse dire, c'est que ces femmes semblent relativement torturées, comme prises entre un passé bourré d'expériences traumatisantes et un présent où elle joue avec leur image (quitte parfois à se perdre elle-même dans les faux-semblants). Bref, il est question de séduction - du père, de l'amant de la mère, de l'amant d'une amie -, il est question de fantasmes - je couche avec lui pour ne pas qu'il couche avec elle même si je pense qu'il me trompe avec elle, etc -, de délires sexuels (le laitier nippon peut accessoirement remplacer le plombier français), ou encore de ciseaux (l'auto-destruction, le besoin de couper les liens, avec les siens, voire avec soi-même...). On se perd un peu dans ce labyrinthe d'émotions féminines, ayant parfois l'impression qu'une actrice à la veille du tournage d'un film est une éternelle femme au bord de la crise de nerfs...

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Il nous faut donc parfois un peu user de patience pour suivre les états d'âmes de ces femmes qui jouent leur vie à fleur de peau... Osons avouer, pour la peine, que l'on tire parfois plus satisfaction dans la façon qu'a Yoshida de triturer ses cadres que par ces multiples facettes fantasmagoriques des actrices... Adeptes du cadre dans le cadre, vous allez encore vous régaler, tant notre cinéaste nippon aime à coincer le visage d'une femme au coin de l'écran, tant notre homme est une véritable contorsionniste pour toujours trouver l'angle le plus improbable, le plus inattendu, pour filmer ces personnage comme tentant de s'extraire de ces décors. C'est donc comme d'habitude relativement abouti formellement, comme si cette façon de placer la caméra pour faire surgir l'actrice dans le moindre recoin participer à sa mise en scène, à sa façon de la "diriger". Des femmes sur le point de craquer, des femmes obnubilées par le désir, par leur image, des portraits qui permettent aux actrices de faire éclore toute une palette de jeu et d'émotion en mode plus tragique que comique, avouons-le... Un film à tiroirs, à miroir aussi, où chaque scène semble nous mener dans une direction nouvelle, pour nous surprendre comme pour mieux nous perdre... Un film mouvant, parfois insaisissable, comme une âme d'actrice. Une expérience aussi intrigante que déconcertante. 

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Lumière et Compagnie (1995) 

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Le segment de 52 secondes de Yoshida se déroule en trois temps : un plan sur la caméra filmant, un contre champs sur le mémorial de la Paix d'Hiroshima (avec en arrière fond un bruit de bombe), puis retour au plan initial. Yoshida rend hommage à ce moment crucial du 20ème siècle en se posant sans doute la question suivante : peut-on filmer l'indicible, l'horreur absolue ? Un dispositif sobre (avec tout de même quelques écart sur les règles de base) mais qui en un temps minimum évoque un souvenir inoubliable quant à cette capacité de destruction des hommes et pose une question cruciale. Affreusement efficace.

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