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16 novembre 2020

Man Push Cart (2005) de Ramin Bahrani

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Bahrani rebelote, avec cette histoire (triste) d'un Pakistanais tirant tous les matins sa carriole mécanique pour que les New-Yorkais puisse, au coeur de Manhattan, petit-déjeuner chaud. On suit notre homme au quotidien : la mise en place de son truc en ferraille en bataillant chaque petit matin pour le déplacer au bord de la circulation, ses clients habituels, ses retours tardifs, son vague-à-l'âme ; bref un peu une vie de merde, me direz-vous ? Alors bon, c'est pas la fête à Neuneu mais notre homme a tout de même ses petites joies, ses petits moments de réconfort : il y a d'abord cette petite espagnole qui vend des clopes dans une baraque similaire, ce type du pays (qui a réussi) et qui offre quelques perspectives à notre... ancien rockeur (la musique mène à tout… enfin, surtout à la chute, regardez Dave) et puis aussi ce petit chaton noir et blanc cro mignon que notre barbu aux cheveux longs a trouvé dans la rue : va-t-il retrouver l'amour (sa femme est morte), va-t-il retrouver la voie du succès, va-t-il avoir sa dose de moments doux et affectueux (il ne voit pratiquement plus son fils, confié à ses beaux-parents) ? On espère le meilleur pour ce bosseur de fond mais il ne faudrait sans doute point oublier que la vie, cette chienne, est fucking cruelle...

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C'est du brut, de la fiction au plus près de la rue, du bitume, au plus près de ces gens de peu qui survivent plus qu'ils ne vivent dans ces agglomérations qui scintillent en continue... Sisyphe des temps modernes, on se dit que, pour notre homme, à chaque jour suffit sa peine et on espère que le poids de cette pierre (ce passé si lointain, cette nostalgie et cette fatigue qui lui ont peint en violet ses paupières, ce présent si morne) va tout de même finir un jour par s'alléger : on espère un baiser de l'Espagnole, une autonomie à portée de bras (il a presque fini le paiement de sa baraque sur roues), un ronron du chat... Mais putain, vous croyez quoi, pauvres gens, que le vaccin c'est pour demain ! Alors oui, peut-être, ne raoultons point, mais vous pensez vraiment que cela va concerner un jour les Pakistanais ? Bahrani, l'enflure, délivre quelques moments excruciating (résolument aussi atroces que ce mot anglais qui nique la gorge) et on se demande si cette pente douce va tout de même un jour finir par remonter… Quand on pense que le pire est arrivé, le pire du pire survient (vous imaginez Sisyphe paumer sa pierre - ben oui, que lui resterait-il à branler ?) et on serre des dents devant le visage de plus en plus hâve, de plus en plus pâle de notre homme abandonné par le sort. Une œuvre au noir (celui des petits matins des grandes villes), un destin aussi feutré (notre homme ne demandait rien...) que la vie urbaine est bruyante, un film à hauteur d'homme abattu qui laisse tout chagrin. Un anti-héros de Ramin voué en quelque sorte à ruminer l'injustice cosmique. Et à faire comme si de rien... Pesant mais prenant.

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