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Shangols
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28 octobre 2020

Millennium Mambo (Qiānxī Mànbō) de Hou Hsiao-Hsien - 2001

Millennium Mambo Hou Hsiao Hsien_1

Un vieux machin que j'ai extirpé de ma mémoire autant que de mes rangées poussiéreuses de dvd. A l'époque le cinéma asiatique était en plein essor et ce Millennium Mambo nous était tombé sur le rable façon révélation ultime (je pense que Shang et moi avons dû pour l'occasion ériger un autel à HHH, que nous venions entretenir avec force cierges). Mais aujourd'hui que le temps a passé et que nos coeurs sont de bois devenus, ce film brûlant et romantique conserve-t-il son aura légendaire ? Oh que oui ! Dès les premières images (cette fille qui court dans un couloir, libre et belle à tomber), dès les premières notes de musique (Lim Giong livre une partition à la fois hypnotique et pop), dès les premières intonations de la voix off, on est embarqué et dévoré tout cru par ce style unique, cette façon amoureuse de regarder sa comédienne, cette atmosphère hors sol. Hou Hsiao-Hsien a inventé avec ce film une nouvelle façon de faire du cinéma, hypnotique et sanguine, et l'a fait avec le film le plus simple qui soit : il ne nous raconte pratiquement rien. Une tranche de vie, une fille partagée entre deux hommes, quelques disputes, quelques moments de joie, et c'est plié. Et il arrive à nous raconter cette histoire à cheval entre le roman-photo de base et le trip hyper-contemporain. Je dis monsieur.

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HHH semble trouver exactement le chemin pour véhiculer par l'image et le son des sensations, des flux d'émotions. Directement branché sur le cortex, ce film n'interroge pas du tout notre intellect, mais se regarde comme un pur objet de fascination. Rarement a-t-on vu une actrice aussi amoureusement regardée : la caméra la filme sous toutes les coutures, la déifiant, la rendant iconique, alors qu'il s'agit d'une jeune fille assez crispante, à qui on mettrait des claques dans n'importe quel autre film. On nous la montre dans des séries de séquences presque indépendantes les unes des autres, comme un objet pop, comme un portrait en BD. Et le film a de ça, un côté très graphique et très kitsch parfois, avec ses lumières saturées de couleurs primaires, avec sa direction d'acteurs très visuelle (les poses des comédiens, toujours étudiées pour être les plus formelles possible), avec son refus du scénario pour rechercher la forme. Ça pourrait être infâmement poseur, mais le cinéma de Hou Hsiao-Hsien est beaucoup plus intelligent que ça : il pose son histoire dans les milieux branchés, les boîtes de nuit, le monde nocturne d'une grande ville moderne, justifiant ainsi le côté extrêmenent coloré de la photo ; et il oppose aux scènes de fête et d'extase des séquences d'appartement beaucoup plus sèches, avec ces murs qui emprisonnent les personnages, ces reflets et ces ombres partout, ce rythme qui ralentit subitement. Le tout pour filmer un couple qui part en vrille, comme pourrait le faire Bergman mais avec le style inégalable de HHH. Un trésor, encore et toujours.

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