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24 octobre 2020

L'Origine du Monde de Laurent Lafitte - 2021

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Premier film pour le sympathique acteur qu'est Laurent Lafitte, et on peut dire qu'il tente le grand chelem : le gars y va assez fort de la provocation et de l'effondreemnt des tabous avec ce film entre le vaudeville paresseux genre Dîner de Cons et la modernité libérée à la Inrocks. C'est sur une idée vraiment très floue et pas du tout menée au bout que démarre cette comédie bien de son temps : Jean-Louis (Lafitte), brave bourgeois légèrement dépressif et mal marié (avec Karin Viard) se rend compte tout à coup que son coeur ne bat plus, autrement dit qu'il est bel et bien mort (admirez la symbolique par rapport à sa vie privée, tout ça). Après consultation d'une sorte de coach-psy-ayurvédique (Nicole Garcia), la solution à son mal est révélée : il va falloir qu'il photographie le vagin de sa mère... Oui, je sais, on est à un niveau intrastellaire, et si le film n'était pas signé par Mr Lafitte "de la Comédie Française", on pourrait croire qu'on le doit à quelque tâcheron de fin de soirée de Canal +. Bon. Le voilà donc parti pour tenter de convaincre sa mère (Hélène Vincent) de se plier à la pose, aidé par son copain loser (et regardé avec une pénible suffisance), Vincent Macaigne. De stratagèmes douteux en bévues, Jean-Louis va en profiter pour retrouver sa libido enfuie et sa femme qu'il ne considérait plus que comme un meuble.

fffff

Au niveau de la mise en scène, le manque d'idées fait peine chez un acteur qu'on a vu déjà dans des films plutôt arty et intelligents. On est dans l'école du boulevard tranquille avec canapé, portes qui claquent et tronches d'ahuris (Macaigne est pénible), avec champs contre champs paresseux et grosses répliques qui font trop rigoler. Ca tâche pas mal, tout en restant dans le grand confort bourgeois (on écoute du classique), ce qui pourrait bien accuser une certaine schyzophrénie de la part de l'auteur, qui voudrait bien faire partie d'un sérail populaire tout en étant interviewé sur France Culture. Mais le fait est que ce hiatus fonctionne, et que les scènes les plus triviales, les dialogues les plus trashouilles, prennent d'autant plus d'intensité et de drôlerie dans cet univers compassé d'aristocrates. Lafitte s'en donne à coeur joie là-dedans, tricotant des scènes parfois carrément dérangeantes, comme cette dame bien comme il faut qui chie dans un lit (...) Il n'empêche que la mise en scène est curieusement médiocre, très à plat, et qu'on cherchera vainement l'originalité du gars de ce côté-là. Seules quelques séquences oniriques parviennent à donner un peu de style au film.

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Du côté du fond, on est plus convaincu. Passées les outrances un peu potaches du pitch initial, on a là quelques belles scènes, grâce aux dialogues principalement, et grâce aux comédiens. Les disputes incessantes entre Viard et Lafitte sont d'une vacherie impeccable, et sont rythmées en orfèvre : la première scène est par exemple un modèle de tempo réussi, et quand le film s'emballe vraiment, la cruauté totale de ces bourgeois cyniques et désabusés, méprisants et autocentrés éclate réellement. Même si Macaigne est en surjeu, mal à l'aise dans l'emploi et même dans ce genre de films, son personnage est parfois touchant dans sa servilité un peu bête, dans sa fidélité en amitié qui le pousse aux pires excès ; Lafitte quant à lui est toujours parfait dans son jeu sobre et ironique : il a une scène au début avec un prostitué trans qui présente merveilleusement son personnage tout de lâcheté. Viard accepte un rôle qui ne la met guère en valeur, et Hélène Vincent, sûrement la plus "couillue" de tous, assume très bien son aspect punkoïde. Dommage que le scénario s'arrête bien avant d'avoir exploré ou terminé toutes ses pistes : que ce soit le coeur qui s'arrête ou la fameuse photo, tout est laissé en plan, Lafitte étant bien trop préoccupé par ses séquences (inégales mais parfois réussies) que par la vue générale de son film. Du coup, c'est vain, pas construit, gratuit, et on se retrouve devant un truc qui pourrait faire une très bonne série à sketches mais qui peine à passer la barre du cinéma. Premier essai intrépide, crâneur, inégal, audacieux et bancal, pas si mal.

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Commentaires
F
Voilà qui ne fait pas envie de braver le couvre-feu : encore un truc de bobo parisien prétentieux ? L'histoire chantée par Brassens du gars qui voulait voir le nombril de la femme d'un flic devrait suffire.
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