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21 octobre 2020

Kala Azar de Janis Rafa - 2020

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Etrange bidule que ce film, pas très défini dans ses intentions ni dans son résultat, et qui m'a laissé pour ainsi dire à l'endroit exact de ma perplexité dubitative. Janis Rafa semble chercher sans cesse la petite bête, et tente à tout prix de nous glisser entre les doigts avec son histoire exsangue et froide, confuse et cérébrale. Le point de départ est un couple dont la saine occupation est de récupérer chez les particuliers ou sur les bords des routes des cadavres d'animaux, chats, chiens, oiseaux et autres poissons. A chaque fois, ils servent un discours tout prêt aux propriétaires, puis emmènent les bestiaux pour les incinérer. On regarde pendant quelques longues minutes la chose se dérouler, ok, mais au bout d'une bonne heure de jeu, on se dit que ça sera peut-être bien la seule chose à se mettre sous la dent, et que le fim ne va rien raconter de plus. Il y a bien quelques parenthèses, quelques escapades, chez un travailleur immigré par exemple, mais on ne fait franchement pas le lien et on se met à grincer des dents devant cette installation trop courte pour être pertinente. Pour tout dire, on s'ennuie carrément pendant la majeure partie de cette chose, tant le style, volontairement distancé, tend à remplacer l'histoire, tant tout ça est fait dans la complexité alors qu'on ne nous raconte qu'une petite chose.

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On voit bien les infuences du film : Cormac McCarthy pour le côté apocalyptique, même si rien ne dit qu'on est dans un désastre écologique, même si le scénario s'appuie sur des faits réels (le "kala azar" étant un virus qui s'attaquait aux animaux durant une période en Grèce), même si on est très loin des invasions de zombies et autres tsunamis ; Antonioni pour le côté abstrait, le film développant une non-trame, préférant s'accrocher au minuscule portrait de son couple mutique, et regardant le monde comme une installation ; quelques élans hanekiens dans la distance prise avec tout ça... Que des modèles bels et bons, mais transformés ici en un assez déplaisant moment de crânerie qui ne mène pas à grand chose. Il y a certes quelques séquences très belles, quelques envolées déployant une poésie morbide étrange, quelques moments de grâce et quelques cadres fouillés. Mais l'ensemble ressemble plus à une pièce de musée qu'à un film, et on reste du début à la fin énervé par cette volonté coûte que coûte de nous perdre pour mieux "faire objet artistique", comme ils disent dans Art Press.

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