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17 octobre 2020

Kajillionaire (2020) de Miranda July

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Diable, j'ai décidément du mal avec le ton et l'univers de Miranda July (Me and You and Everyone We Know, revu récemment, qui m'avait laissé un peu de marbre). Il y a pourtant dans ce cinéma américain pseudo-indé des choses qui pourraient m'aller : des personnages décalés (ici deux parents, Richard Jenkins et Debra Winger, sans foi ni loi qui vivent d'arnaques minables), une histoire d'adolescente retardée (leur fille, Evan Rachel Wood, 26 ans au compteur, qui vit encore chez ses parents et les suit dans tous leurs plans foireux - on ne peut pas dire pour autant qu'elle reçoive en retour des marques d'affection particulières) et une bombasse en forme de bouée de sauvetage (Gina Rodriguez, des formes et du caractère, hein, surtout) - après être rentrée dans le jeu des parents, Gina va prendre la jeune fille sous son aile... Des personnes relativement marginales, pas forcément sympathiques pour certains (les parents, sans affect aucun disais-je), marchant sur un fil pour les autres (Gina, opportuniste née ou bienveillante ? Evan, un physique et un caractère informe, comme incapable de s'épanouir en vivant dans l'ombre de ces parents constamment calculateurs), des situations qui se devraient d’être cocasses (c'est toujours sympa et rocambolesques les histoires d'arnaque, non ?) et pourtant un résultat qui me laisse le moral complétement dans les chaussettes… Mais pourquoi, diable ?

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Pour être franc jeu, l'ambiance et les personnages ne sont pas si loin de celle et de ceux qu'on retrouve dans le cinéma d’un Wes Anderson : un réalisateur qui nous montre des personnages étranges, mutiques, droit comme des i et qui cultive une sorte d'humour à froid pour « initiés » - un cinéma qui fonctionne parfaitement auprès d'un certain public de festival et de critiques toujours à l'affût de la finasserie... Seulement voilà, ce cinéma-là finit par paraître souvent totalement sclérosé, sans profondeur, terriblement prévisible... A l'image ici du personnage principal campé par Evan Rachel Wood : mollasse, habillée d'habits difformes, se cachant la plupart du temps derrière cette immense tignasse, il nous faut peu de temps pour faire son diagnostic psychologique : la pauvrette est mal dans sa peau... Une situation précaire, des parents peu aimants, des coups foireux qui la mettent en danger, c'est forcément le jackpot ; dès lors qu'elle va prendre soin des ongles de Gina, c'est comme si elle avait trouvé et réveillé sa bonne fée : Gina est certes méfiante envers cette famille d'arnaqueur mais elle va (contre de l'argent tout de même, il n'y a pas de petit profit) apporter un peu de chaleur à cette ado sur le tard, voire lui insuffler un peu d'amour-propre (et d'amour tout court). Le petit scénario de July s'emboîte à son rythme, tranquillou, mais l'on se sent comme tenu à distance de cette histoire sans chaleur et sans humour véritables - on n'est ni dans l'humour noir, caustique (ce qui aurait pu être exploité lors du cambriolage du vieux en train de mourir), ni dans le gag (aucune situation n'est vraiment burlesque, si ce n'est ces nuages roses qui s'infiltrent dans la maison - une fois, ça va, trente fois, ça lasse), ni dans la drôlerie des dialogues ou des personnages (les parents, en particulier, sont ternes à mourir). Bref une comédie indé fortement cotée que je trouve bien pauvre à l'usage.  

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