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26 septembre 2020

Que le Diable nous emporte (2018) de Jean-Claude Brisseau

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Film testament du gars Brisseau, pourrait-on dire, qui s'ouvre (pratiquement) avec une masturbation (féminine) et se referme avec une lévitation. Classique. L'érotisme (entre sensualité et kitsch) et le spirituel (entre anges gardiens tombés des cieux et morale relativement proprette) voilà le programme de cette ultime œuvre de Brisseau. Il y sera question d'une jeune femme vendant son corps (ou pas) à des inconnus, se filmant au besoin sur son téléphone, une femme jeune et jolie, Suzy, un peu à la recherche d'elle-même... Elle fera la connaissance de Camille, qui a déjà bien roulé sa bosse et qui la prend sous son aile, et de Clara, une jeune femme pleine de bonne volonté, toujours à l'écoute, toujours prête à rendre service : c'est elle qui a sauvé Camille quand elle était au fond du trou, c'est elle qui débarrassera Suzy d'un amant un peu collant (en redonnant à cet amant le goût de vivre et en l'aimant...). Nos trois jeunes femmes se lieront amicalement et sexuellement avant qu'un autre trio finisse par émerger autour de la sainte Clara, avec Suzy et l'amant... Des traumas (l'histoire de Camille et son passé sexuellement troublé), des histoire d'entraide (de Clara à ce Tonton, vieux personnage adepte de yoga qui vit chez elle, qui tentera également de redonner à Suzy le sens de la mesure), de l'amour "sublimé" (même si on ne partage pas forcément le goût de Brisseau pour ces scènes de cul sur fond cosmique... cela aurait peut-être mieux rendu en 3D mais j'ai malgré tout des doutes : les pochettes d'album de rock progressif des seventies sont déjà passées par là avec fracas...) et des femmes, plus ou moins jeunes, qui finissent par trouver leur voie... Camille semblant renouer avec le passé familial, Suzy avec le goût pour l'amour, le vrai, quant à Clara elle finit par rire elle-même de son petit côté bon-samaritain...

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Alors oui, on ne peut pas dire que Brisseau excelle pour mettre du rythme ou ne serait-ce que du mouvement dans la chose, on devra plutôt se contenter, pour cette ultime œuvre, d'acteurs semblant se confier sous le regard de la caméra. Des acteurs qui, malgré la frugalité du dispositif, tentent tant bien que mal de faire bonne figure, Fabienne Babe toute en douleur rentrée, Isabelle Prim tout en vivacité avant de s'assagir, Anna Sigalevitch toute en empathie pour son prochain. C'est un cinéma où on aime à se caresser autant qu’à s'écouter, les uns ayant le temps de revenir sur leurs blessures et les autres ayant l'occasion de les soigner (Clara invite les autres à se confier mais elle est aussi toujours prête pour les faire se bouger le cul - notamment cet homme aimant à se complaindre). C'est un petit film finalement assez policé où chacun finit par rentrer (un peu bourgeoisement, oups...) tranquillement à sa place après avoir eu son petit lot d'excitation sensuelle et yogique. Une œuvre finalement plutôt mignonne et bienveillante pour ce diable de Brisseau qui, pour sûr, ne mérite pas de partir éternellement en enfer. J-C, tu mérites ton odyssée, va, toi l’homme pour toujours en marge du cinéma français.

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 Tout le cinéma de JC

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