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26 septembre 2020

Inunaki, Le Village oublié (Inunaki mura) de Takashi Shimizu - 2019

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"Le temps s'en va, le temps s'en va Madame ; las, le temps, mais nous nous en allons", dirais-je pour commencer cette mélancolique chronique de Inunaki, Le Village oublié (et vous en connaissez peu, reconnaissez-le, capables de vous balancer du Ronsard en commençant une critique sur un film d'horreur). Eh oui, car Shimizu en son temps a su me faire trembler de la tête aux pieds avec son fantôme effrayant à la gorge enrouée, et j'attaquais avec confiance ce nouvel opus sorti discrètement l'an passé. La déception est malheureusement au rendez-vous : le Takashi a perdu tout mojo, et nous sert un film confus, fade, qui ne se distingue qu'en de très rares endroits, et qui copie soigneusement les recettes des autres, beaucoup moins inventives que les siennes propres. A vrai dire, on ne comprend très vite plus grand chose à ce scénario : il y est question d'un village abandonné au bout d'un tunnel, légendairement hanté bien entendu. Un couple y pénètre, mal lui en prend puisque ils vont se retrouver en proie aux fantômes du village. C'est alors qu'intervient une foule de personnages interchangeables dont j'ai eu du mal à distinguer qui était qui, qui ont cependant tous en commun de pénetrer eux aussi dans le village et d'y subir morts brutales et avanies en tous genres. Bien sûr, il y a l'explication du pourquoi de cette malédiction (les scénaristes veulent toujours tout expliquer, c'est pénible), mais le film est surtout l'occasion d'un catalogue d'effets horrifiques et de jump scares.

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Quelque chose perdure du savoir-faire de Shimizu là-dedans, de temps en temps. Un réel goût pour la surprise, une certaine poésie dans le morbide, une mélancolie émanant d'endroits où on ne l'attend pas du tout. On aime par exemple ces fantômes filmés comme une sorte de nuage rémanent, déjà là sans y être encore tout à fait, déjà disparu tout en y étant encore : cette bande de morts demandant une aide aux vivants, l'entourant jusqu'à les étouffer sous la masse, est l'ocasion de quelques plans sinon effrayants en tout cas visuellement forts. D'autres bonnes idées de temps en temps rappellent que le maître nippon sait parfois faire peur avec des effets épurés, ou trouver une vraie beauté dans l'horreur : le corps d'une jeune fille qui vient s'écraser sur un pare-brise, ou le sourire d'une autre croisée juste avant qu'elle vienne se crasher aux pieds de son amoureux. On a l'impression que tout le film est créé uniquement pour ces moments-là, pour ces quelques secondes fugitives. Et heureusement qu'ils sont là, car sinon le film est fadasse à souhait : l'habituel fatras de found footage moisi, de suspense qui s'allonge déraisonnablement, de cris de biche, de présences inquiétantes qui mettent deux heures à sortir du bois, et d'explications psycho à la con. On soupire devant ces scènes mal réalisées de noyade dans une cabine téléphonique (...) ou de silhouettes menaçantes qui apparaissent dans le dos des acteurs, ou de môme qui voit des mamans maléfiques dans tous les coins du décor. Bref : le film rentre dans le rang, alors que son réalisateur a été un des inventeurs du film d'horreur post-2000. Revoyons Ju-On, et faisons le deuil.

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