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25 septembre 2020

Le dernier Jour de l'Eté (Ostatni dzien lata) (1958) de Tadeusz Konwicki

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Voilà un petit film d'une heure tout juste, étrangement conceptuel (je n'invente rien, pour une fois, vu que cette œuvre est considérée comme le premier film d'auteur polonais !), une vision artistique qui semble avoir été tournée dans les limbes du cinéma... Tourné en équipe ultra réduite (ce qui n'altère en rien la beauté des images), le film met en scène, un homme, une femme, une plage. Ils s'observent, se tournent autour, se rapprochent, disparaissent... pfiutt. Peu de dialogues, juste deux êtres qui semblent oubliés, perdus, sur cette grève, qui vont ensemble faire un petit tour de manège avant que l'un des deux ne s'évapore. Konwicki, bienheureusement, est loin de nous laisser un trousseau de clé pour tenter de voir quelle métaphore se cache derrière ce récit, à chacun finalement de projeter ce que bon lui semble sur cet écran de sable.

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Un paradis perdu (plus rien ne sera pareil après la guerre, après les camps), un paradis retrouvé (le temps de la paix est enfin revenu), un songe (l'héroïne voit cet homme, le rejette, puis s'endort et fantasme peut-être cette rencontre), une parenthèse amoureuse, un fantasme, un... Il est clair que toutes les portes et les fenêtres sont ouvertes : on suit les différents mouvements (il s'agit presque d'une chorégraphie à deux à ciel ouvert) de nos deux personnages principaux qui s'évitent, qui s'échappent, qui s'apprivoisent, qui se serrent l'un contre l'autre, qui se sauvent, prennent leur liberté sur cette plage… Il y a quelque chose de tendrement zen qui se dégage de cette œuvre comme suspendu dans le temps et dans l'espace. Il y a bien ces avions qui font entendre leur bruit infernal au-dessus de la plage, comme un rappel du passé, (du présent ?), ils sont là comme des menaces ou peut-être pour simplement rappeler à la jeune femme son aviateur perdu (comme si le bruit des avions la poursuivait dans ses songes et qu'elles se mettent à "rêver" d'une nouvelle histoire d'amour). Cet homme qui l’observait de loin, qui semble attiré par elle, elle s'en méfie puis le protège, puis s'en rapproche, puis semble l'aimer... Malgré tout, rien ne semble pouvoir empêcher son départ, à elle, puisqu'il s'agit là de son dernier jour de vacances. Seulement à trop vouloir tergiverser, à hésiter, on perd ce que l'on aime, prenant véritablement conscience de ce que l'on aime qu'une fois qu'on l'a perdu... On assiste là à une sorte de rêve éveillé magiquement mis en scène, avec une grande économie de moyen et une belle simplicité, par cet auteur polonais venu de nulle part. Un film aussi léger et aussi difficile à "saisir" qu'une petite brise d'été. Belle et étrange expérience.  

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