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5 février 2021

Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal - 2020

Antoinette_dans_les_Cevennes_Photo_1©Julien_Panié_CHAPKA FILMS _ LA FILMERIE_FRANCE 3 CINEMA

Ah du charme, du chien, de la belle poésie dans ce petit film. Caroline Vignal nous gratifie d'un film tous les 20 ans, mais quand elle y va, c'est en pleine connaissance de ce qu'elle a envie de raconter et en pleine possession de ses moyens. C'est tout à sa gloire. On a droit ici au portrait sans fard d'une femme d'aujourd'hui, célibataire un peu frustrée, un peu trop originale pour rentrer dans le moule, et le trait touche juste. Antoinette est une instit attachante, qui profite maladroitement d'une fête des élèves pour faire glisser subtilement un message à son amant : c'est la première et délicieuse et émouvante séquence, magnifique moment entre sentimentalité et gêne, où la belle, habillée en robe de soirée, fait interpréter aux enfants une chanson de Véronique Sanson sur laquelle elle prend peu à peu toute la place pour déclarer sa flamme à Vladimir, parent d'élève venu ici avec sa femme. En deux minutes le portrait est là, vrai et touchant : Antoinette est décalée, excessive, de mauvais goût. Quand son amant lui apprend qu'au lieu de la semaine de rêve qu'ils avaient prévue ensemble, il doit partir en randonnée en Lozère avec femme et enfant, elle pète les plombs. Et décide alors d'entreprendre la même marche que lui, dans le vain espoir de l'apercevoir, de la croiser, de... elle ne sait pas trop, mais elle part avec ses pauvres habits inadaptés, loue un âne et la voilà partie bon an mal an sur les chemins de Stevenson. L'escapade sera mouvementée, mais Antoinette en sortira différente, et nous avec.

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Le grand plus de cette comédie douce-amère, c'est son interprète principale, Laure Calamy, véritable petite bombe de fantasie, d'auto-dérision et de charme. Avec elle, le moindre petit dialogue se transforme en instant émouvant et drôle, et la profusion de plans larges sur elle, incluse dans le nature et en regard avec l'âne (qui joue très bien aussi) lui permet de tirer profit non seulement de son comique "verbal" (comme dans tous les films français), mais aussi d'un burlesque physique qu'elle manie magnifiquement. Elle amène un dynamisme au film qui, sans elle, aurait manqué. Surtout, elle n'est jamais ridicule, malgré les situations embarrassantes qu'elle a à jouer. C'est que l'actrice joue au premier degré, acceptant l'auto-dérision, le ridicule, le pathétique même parfois. Cette simplicité de jeu, cette réaction spontanée à ce qu'elle doit jouer est passionnante à regarder et donne quelques séquences magiques : la gêne face à l'épouse blessée, la douceur face à un motard sentimental qui lui fait du gringue, l'enthousiame qu'elle met à se mettre dans des situations désastreuses...

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Mais Antoinette dans les Cévennes n'est pas qu'un film d'actrice. Sur les traces du Rayon vert de Rohmer, dont il épouse la trame, et qu'il convoque directement par la présence de Marie Rivière en "passeuse", Vignal réalise en douceur un beau portrait de personnage dans la nature, et un beau portrait de femme moderne. Antoinette est agaçante, trop fleur bleue, possessive, mais elle est aussi libre et déterminée, sensible et volontaire, acceptant de se prendre en main et d'assumer ses contradictions. Ce voyage en montagne en compagnie de l'Autre par excellence (un âne) lui permet de se questionner sur son rapport aux hommes (portrait remarquablement mesuré d'iceux, parfois faibles, parfois glorieux, jamais clicheteux) et d'opérer une véritable métamorphose intérieure. Tout ça se fait dans un écrin de comédie pétillante, on rigole beaucoup devant les peines et les difficultés de cette fille d'aujourd'hui, et on en profite pour admirer les splendides paysages des Cévennes, que Vignal filme avec beaucoup d'intensité... mais en creux, on est en droit d'y lire un véritable manifeste pour la liberté et l'extraction des clichés. Bien belle petite chose. (Gols 23/09/20)

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A l'aube de ce confinement number 2 de ce côté-là de l'Océan Indien, une petite escapade en pleine nature ne peut point nuire. Gols a dit l'essentiel sur cette comédie enjouée, de Marie Rivière en passeuse (ah gaie !) à cette recherche de l'âne-sœur (on me l'a soufflé dans le creux de l'oreille, je ne peux y résister). Oui, Antoinette ne manque pas d'aplombs en se rendant sur le lieu-même des vacances de son amant marié. Seulement voilà, ce bon Vladimir (d'abord outré, puis profiteur, puis juste couard) va se faire voler la vedette par un certain Patrick, ce doux âne au regard si morne, borné mais bon partenaire : il est totalement à l'écoute de notre Antoinette (c'est la qualité première de l'âne, l'ouïe et l'absence de parole) et il va non seulement la guider sur ces chemins escarpés (où l'Antoinette se perdra malgré tout par manque d'attention) mais aussi dans sa vie sentimentale ; il est celui qui va la remettre sur le droit chemin, celui de la liberté et de coups de tête amoureux. Le Vlad en fera les frais et un motard aux faux airs de Brando du pauvre récoltera les fruits d'une Antoinette plus mûre. Une jolie petite histoire sentimentale dans ce cadre où le bon Stevenson lui-même sut profiter de tous les trésors de la nature mais pas que (leleu) : rares sont en effet les films français où l'on peut se laisser à rire toutes les cinq minutes, les facéties d'une Antoinette spontanée et fraîche comme l'eau de source (de Rivière, elle a la fluidité) venant constamment nous titiller les zygomatiques. Sa naïveté, ses emportements, ses caprices, ses envolées, son air mutin sont autant de qualités chez la belle Antoinette, prise elle-même au piège de ce voyage où les dos d'âne sont parfois abrupts (il y aura des pleurs) mais où les rencontres de hasard demeurent toujours exaltantes (des hôtes des gites aux mystérieuses "maraboutes" errantes). Ce petit personnage grand-guignolesque s'épanouit malgré les hauts et les bas de ce paysage verdoyant (les fameuses Cevennes, up and down) et l'on s'attache à cette figure tragico-comique autant qu'icelle à son âne. Patrick, meilleur acteur 2020 ? J'ai envie de dire oui, maintenant qu'il n'y a plus Jean-Pierre. (Shang 05/02/21)

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Commentaires
E
pareil pour moi, pas pu dépasser le quart d'heure. Mais qui va dépenser de l'argent au cinéma pour voir ca ?
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D
Ah là là... Comment peut-on tomber dans le panneau de cette horripilante "petite chose" ??? <br /> <br /> Dieu sait que j'adore les ânes. Mais là, on se demande qui, de l'agaçante actrice, du scénario indigent et lourdaud, de la réalisatrice roublarde mais aussi obtuse qu'un âne bâté, nous prend pour des bourriques ?!
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