Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
19 septembre 2020

La Malédiction (The Omen) de Richard Donner - 1976

04646a5ec908d5d279d2b8e44b5f0475

On est dans le classique aussi de mon côté, mais pour ma part dans les films d'épouvante grand cru des 70's. J'avais de lointains souvenirs de ce film hyper connu des amateurs du genre, et à la revoyure aujourd'hui, je dois dire que La Malédiction n'a rien perdu, contre toute attente. Pourtant c'est un charabia scénaristique vraiment surfait, à base de bébés échangés, de fils de Satan et d'enfants maléfiques, et on pourrait s'attendre à un énième truc ésotérico-grand-guignolesque ni fait ni à faire. Mais ce qui fait la différence, c'est la mise en scène de Donner, solidement présent malgré le poids qu'on imagine écrasant de ses stars (Gregory Peck et Lee Remick). Résumons rapidement : une femme qui accouche d'un mort-né, hop le père échange avec un bébé né le même jour d'une mère morte, le gamin grandit, et se met à développer des pouvoirs bien inquiétants poussant les gens qu'il n'aime pas à se foutre en l'air. Tant que c'est la gouvernante pas sympa, ça va à peu près, mais quand il s'en prend à sa propre mère, puis au futur de l'humanité (comme le dit sans rire le prêtre de service), ça devient inquiétant, et Peck va devoir se retrousser les manches pour venir à bout de ce diablotin destroy. Le film est assez jusqu'au boutiste et frontal, s'enfonçant avec un bel entrain dans une noirceure totale. Une issue ? ahah, vous rigolez, Donner ne mange pas de ce pain-là, et ira au fond de son idée : le Mal va s'étendre sur le monde.

1310873802

Première grande trouvaille : ce môme est parfaitement effrayant, et on le croiserait dans le couloir d'une crèche, on changerait de crèche. Il ne dit rien, ou juste quelques cris, mais son regard de fou et son sourire ambigu vous colle directement des sueurs froides. Le courant ne passe d'ailleurs pas très bien entre lui et ses chers parents, riches bourgeois populaires et catholiques qui ne le calculent que très peu. Le môme est plus dans la communication non-verbale, voyez, notamment avec un chien menaçant qui, avec ses compères chiens, donnera une scène impressionnnante d'attaque dans un cimetière. Donner sait alterner ainsi les scènes spectaculaires avec les moments de perplexité de Peck à la recherche de la vérité. Entre la pendaison en public de la bonne, la défenestration de maman, l'empalement du curé, la décapitation d'un journaliste et le sacrifice abrahamesque de la fin, on a de quoi se mettre sous la dent côté scènes morbides. D'autant que Donner se montre très habile pour rendre ces scènes très frontales, évitant la fameuse suggestion habituelle de ce genre de scènes, qui évite les gros budgets et permet aussi au réalisateur de se reposer sur ses acquis. Ici, on voit les choses : quand la mère passe par la fenêtre et vient s'écraser sur une ambulance dans la rue, je vous jure qu'on entend ses os craquer. Cette belle confiance en sa capacité fait beaucoup pour le suspense de ce film, qui se démarque vraiment en y allant franc du colier au niveau de l'horreur. Les autres scènes, c'est vrai, sont plus convenues, peut-être parce que Gregory Peck n'est pas super à l'aise dans l'emploi, peut-être parce qu'elles sont pesamment ésotériques, peut-être parce qu'on sent qu'elles ne sont là que pour faire attendre les pics. Mais on remarque malgré tout que le savoir-faire est très en place encore une fois, pour planter une atmosphère (les voyages de Peck autour du monde), développer des personnages marrants (la bonne au service de Satan), ou induire d'autres pistes dans le film, notamment la lutte des classes (l'anniversaire de Damien, pollué par le suicide de sa gouvernante). Richard Donner est peut-être bien un réalisateur très sous-estimé.

6feb6fbdb490f7ca6bdf36882e7f001a17b57e55f08160430817318d9c2eacf9

Commentaires
Derniers commentaires