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11 septembre 2020

Histoire de la Violence de l'Undergound japonais 3 : la Bête haineuse (Nihon bôkô ankokushi : Onjû) (1970) de Kôji Wakamatsu

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Dernier volet de cette trilogie du prolifique Wakamatsu qui, en ce début d'années 70, ralentit tout de même la cadence : après douze films en 69, il n'en réalisera que 6 l'année suivante... Un troisième tome qui nous fait plonger toujours dans le petit côté glauque des faits divers nippons (du viol, de l'assassinat de prostituée, du kidnapping...) mais qui met surtout en scène cette fois-ci une histoire de vengeance : au départ, deux voleurs, un pactole et puis l'un qui trahit l'autre (chacun a sa version des faits, Wakamatsu nous fait son Rashomon !). Le fait est que l'un d'eux, le gros moustachu, est resté sur le carreau et a subi l'exil ; le plus futé, lui, s'en est sorti et s'est barré avec la femme de son pote alors enceinte... Celle-ci, après avoir accouché d'une fille, est morte. Notre homme fourbe a alors refait sa vie : il a trouvé une autre compagne, a monté son restaurant (spécialité : la soupe au soja, je dis ça uniquement pour faire monter la sauce) et a élevé cette enfant comme la sienne... Notre moustachu, finalement, est sorti de sa prison, et depuis bat la campagne à la recherche de cet ancien comparse. Notre homme, accompagné d'un compagnon un peu couillon mais obéissant, est irascible, ne supporte pas les femmes infidèles (et leur fait passer définitivement l'envie de s'en vanter après les avoir étranglées) et veut broyer son ancien associé. Il pense que rien ne pourra empêcher sa vengeance... Mais entre son partenaire qui tente de la jouer solo et la présence de sa propre fille (qui est donc en vie, ce qu'il ignore encore), tout ne va pas se passer comme sur des roulettes.

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Wakamatsu, jamais radin en plan large ou en jolis mouvements de caméra qui accompagnent notamment ces deux compagnons itinérants, est toujours aussi efficace sur le plan narratif ; s'il y a bien quelques plans de coucheries pour attirer le chaland (scènes en plein air de prostituées qui écartent les cuisses ou séquence en intérieur (en couleur s'il vous plaît !) pour un couple plus légitime), ces quelques plans sur des gambettes, pour la galerie, d’un érotisme froid, ne font point perdre de vue le fil rouge de l’histoire : celle d’une vengeance qui se veut totale mais qui se verra bougrement contrariée ; outre le fait que l'acolyte foire, que la police guette, notre gars moustachu doit donc également se cogner à son passé : lui qui pensait n'avoir plus rien à perdre se rend compte que son petit cœur bat encore lorsqu'il apprend que sa fille est de ce monde ; la scène est pour le moins tendue et inattendue (doit-il demander à son acolyte de continuer à violer cette jeune fille pour faire souffrir l’homme qui l’a trahi ou arrêter là les frais - car forcément, il doute qu'il s'agit bien là de sa fille) et cette nouvelle va pour le moins galvaniser notre homme (il se lancera dans un combat contre une dizaine de flics, un combat digne des films de chambara... – ouais, si on veut). Le final réserve encore des surprises puisqu'on verra les deux anciens voleurs une nouvelle fois (et ce, résolument pour la dernière fois) "s'associer", ne faire qu'un... Un film qui, tout en évoquant des faits divers guère reluisants, lie subtilement le destin de ces deux hommes faits, fatalement, pour être ensemble, jusqu'au bout. Malin, le Kôji et une nouvelle petite œuvre très enlevée.

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