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27 août 2020

Sur la Piste de la grande Caravane (The Hallelujah Trail) de John Sturges - 1965

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Le vieux briscard du western qu'est John Sturges a bien dû se rendre compte que le vent tournait dans les années 60, et qu'il fallait sûrement ajouter quelque chose à ses films de cow-boys classiques pour être de leur temps. Il tente donc la farce, tout en gardant comme base les Indiens, la cavalerie et les carioles. Mais l'humour lui allant comme une paire de skis à un lombric, le résultat est assez consternant, et ce film qui aurait eu tout pour plaire chez Billy Wilder ou Blake Edwards devient poussivissime sous le trait très lourd du bon maître. Il y avait tout pour plaire pourtant sur le papier, et on peut même admettre que dans la première heure, il s'en tire honorablement, si on n'est pas trop regardant sur le rythme ou sur la finesse des gags. Jugez : Burt Lancaster en star, Lee Remick en plus-value sexuelle, une poignée de seconds rôles attirante (Donald Pleasance, Brian Keith, Martin Landau), et un scénario, d'abord tout feu tout flamme mais qui se concentre peu à peu sur une idée : un chargement de gnôle doit traverser le territoire, et devient le sujet central de toutes les convoitises. Il y a les habitants de Denver, en pleine disette d'alcool, bien décidés à garder pour eux le butin ; il y a le "bon républicain" Wallingham, bourrin propriétaire des chariots, bien décidé à la faire arriver à bon port ; il y a la bande d'Irlandais engagé par lui pour convoyer la marchandise, et qui menace de se mettre en grêve s'ils n'ont pas une part du trésor ; il y a une horde de femmes, adeptes de la tempérance, determinées à détruire les bidons ; il y a les Indiens, à peine sortis de leur dernière cuite, qui veulent rompre le pacte de paix avec les blancs pour pouvoir se bourrer à nouveau la gueule avec ces barils miraculeux ; et il y a enfin le colonel Gearhart, chef de l'armée locale, condamné à servir d'escorte, à calmer les conflits, à pactiser avec les Indiens, à mater les femmes et à diriger ses soldats, alors que lui-même tâterait bien du précieux nectar. Un beau bordel, que le film, aidé par une voix-off pour le coup très wilderienne, très pince-sans-rire, qui s'essaye à nous expliquer, cartes à l'appui et avancées des troupes en schéma.

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Dans un premier temps, donc, ça fonctionne. Tout ce petit monde s'agite dans une frénésie communicative, chaque petit groupe est dessiné avec les clichés d'usage (l'Indien con, la femme hystérique, l'alcoolo bas du front, etc.) mais avec un réel enthousiasme de la part des acteurs, qui semblent beaucoup s'amuser. On découvre un Lancaster très à l'aise avec l'auto-dérision, et le film lui réserve quelques situations drolatiques de confrontation avec les autres assez poilantes ; surtout celles avec Lee Remick, toute de charme et empreinte de son combat, qui lui oppose un refus sec et des manifestations festives qui horripilent notre Burt. Alors que tous se dirigent vers le point central du convoi, on sent le gros bordel se préparer et on jubile d'avance. Ça n'est jamais d'une grande finesse, certes, mais c'est plaisant, surtout sur la fin de la première partie, où on assiste à une scène (trop longue mais) spectaculaire :  tout le monde se retrouve pris dans une tempête de sable, tirant leurs coups de feu au hasard, se séparant en sous-groupes, dans une anarchie réjouissante qu'on ne peut qu'apercevoir au travers de la poussière.

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Malheureusement, après l'entracte, on déchante très vite. Sturges range son petit talent et ne sait absolument plus quoi filmer pour tenir sur les 2h30 de son récit, qui aurait pu en durer 1h20 sans souci. Dans un système de répétitions lourdosse, à un rythme exsangue qui annule tous les effets pseudo-comiques, il raconte comment ce chargement d'alcool finit sa triste vie : ce sont des souleries d'Indiens, des cascades à n'en plus finir, des mines furibardes de Burt qui ne cessent jamais de cesser : le film s'enterre sous ce tempo lentissime, les gags y apparaissent du coup dans leur plus simple appareil, épais et pas très drôles. Tous les petits amusements du début, dus la plupart du temps aux personnages, se diluent, le gars ne parvenant pas à les faire exister au milieu de la grosse farce échevelée qu'il voudrait mettre en place. On s'ennuie comme jamais : une deuxième partie beaucoup trop longue et inutile qui finit de clouer le film au pilori.

Welcome to New West

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