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27 août 2020

LIVRE : La petite Dernière de Fatima Daas - 2020

CVT_La-petite-derniere_1092C’est une femme, elle est jeune, française d’origine algérienne (elle le clame), musulmane pratiquante, lesbienne, banlieusarde, autant de caractéristiques qui peuvent lui permettre (auprès d’une certaine presse branchée) d’être le symbole de cette rentrée littéraire avec ce premier roman – je vois bien que je n’avais personnellement aucune chance, n’entrant dans aucune case ; et ne pensez pas que je sois jaloux, oh que non. Bref, alors que vaut cette petite chose qui pourrait se lire en quelques allers-retours de RER ? C’est ma foi, comme on dit chez nous, sans condescendance, fort sympathique de voir cette jeune femme, élevée de façon stricte, par un père pas vraiment aimant, réussir par la force du poignet à faire des études, à vivre plus ou moins sereinement sa religion (lesbienne, c’est pas conseillé par le prophète) et à vivre malgré tout ses amours (avec un sentiment certain de petite carence affective initiale). Ça se lit comme un petit pain, avec ces courts chapitres qui commencent toujours de la même façon comme une litanie et qui explorent des petits instants de vie ou des personnes de l’entourage de l’auteure : le voyage en Algérie, la famille, les ami(e)s, les amantes, la psy, les études mouvementées. On sent une véritable détermination dans ce récit qui tente de ne point se perdre dans de sombres tergiversations stylistiques : c’est écrit souvent au plus court, avec, sent-on, une sincérité non feinte. Une femme qui s’assume (malgré les doutes), qui trace sa voie, de façon directe. Sans vouloir contredire Virginie Despentes, le style n’a pas vraiment la saveur d’un uppercut, c’est même assez léger de ce côté-là, mais on sent néanmoins toute la fraîcheur d’une première fois dans cette « confession » saine et pure. Frais, donc, mais sans qu’on ressente non plus le besoin ou l’envie, sous le coup de l’excitation littéraire, de sauter à pieds joints sur son hamac, voyez. Une voix qui devrait (peut-être) essayer par la suite d’être son propre sujet d’étude pour gagner quelques galons.   (Shang - 27/08/20)


3f8ca9b_98440574-_MG_7820On a les mêmes lectures avec mon camarade, et on a sensiblement les mêmes avis. Ce roman annoncé partout comme une nouvelle voix fait un peu l'effet d'un pétard mouillé, même si, c'est vrai, on constate la sincérité et même l'espèce de fièvre de ce premier livre tout en audaces. En courts chapitres qui commencent tous par la même phrase ("Je suis Fatima Daas"), l'auteur tente de nous livrer façon puzzle le portrait d'une jeune fille d'aujourd'hui, chaque chapitre amorçant un nouvel angle de vue, une nouvelle façon de l'envisager. Car Fatima Daas, personnage de fiction, ne se résume pas aux étiquettes qu'il serait aisé de lui coller : musulmane, jeune de banlieue, lesbienne, arabe, etc. Elle est tout ça, et tout le reste, et c'est tout à son honneur de vouloir nous livrer un portrait pluriel, tendant à démontrer qu'un être humain, surtout aujourd'hui où les identités se floutent, où on peut être pratiquante ET homo, de banlieue ET bonne élève, intelligente ET rebelle, fan d'Annie Ernaux ET de Kendrick Lamar, est constitué de maintes strates qui le définissent ; bref est un être unique, résultat de sa culture, de son éducation, et de sa liberté propre. C'est très réussi de ce côté-là, arriver à nous donner l'impression d'un être aux multiples facettes, parfois contradictoires entre elles. Elle dresse ce portrait à travers donc de courts chapitres, où le rythme a tout autant d'importance que le contenu : façon slam, la dame veut écrire une succession de punch-lines, s'inscrivant ainsi encore plus profondément dans le monde d'aujourd'hui, où Twitter est devenu le lieu où on écrit, où le langage est hâché et condamné à être immédiatement efficace. Alors, oui, mon gars Shang et moi, on est de l'ancien monde, on veut du livre avec des phrases très pensées, construites, on veut sentir l'effort ; mais Fatima Daas, malgré qu'on en ait, est une fille d'aujourd'hui, et nous emmerde avec notre grande littérature : son texte n'est pas d'une écriture dingue, mais au moins elle tente le coup de poing par son immédiateté, par son rythme, par son "flow" hérité peut-être du rap. Elle a dû mettre 15 jours à l'écrire, c'est sûr, vu le peu d'intérêt de la plupart de ses sentences rapides et punchy ; mais c'est presque plus la musicalité que le sens qui s'impose, la poésie rythmique que le fond. De ce côté, on salue cette (effectivement) nouvelle voix. Pour plus de profondeur, pour moins de littérature MTV, on se penchera sur un des autres romans de la rentrée : il y en a 511.   (Gols - 27/08/20)

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