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22 août 2020

Girlfriends (1978) de Claudia Weill

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Voilà une petite œuvre douce-amère très lo-fi pour ne pas dire "low profile" que va ressortir des tiroirs notre chère collection Criterion au mois de novembre prochain (vous remarquerez qu'on a toujours un temps d'avance, et c'est vrai). On est dans la quintessence du film indé des seventies avec le portrait de cette jeune femme au physique un brin ingrats (pas de jugement) qui se pose des questions existentielles - l'amitié, l'amour, le taff, cela vaut-il vraiment la peine d'être vécu ? L'image est granuleuse à souhait, tous les éclairages non naturels semblant être bannis, autant dire qu'on est dans un film à l'esthétique pauvre mettant en scène une jeune femme bien commune - bref, du cinoche comme on peut éventuellement l'aimer. L'histoire est simple comme bonjour : Susan vit avec sa coloc blonde ; mais cette dernière la quitte pour se marier avec un barbu aux allures plutôt sérieuses. Seule, Susan tente tant bien que mal de survivre et de garder la patate : une historiette d'amour qui ne la passionne point, un taff (elle est photographe) qui tarde à vraiment décoller (elle est plus habituée aux mariages (juifs) qu'aux galeries d'art), des amitiés branlantes (les liens se distendent avec son amie blonde et ses nouvelles connaissances ne lui apportent pas vraiment le bol d'air attendu). Bref, elle traverse une passe chaotique...

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Pas de coups de théâtre, pas vraiment non plus de coups de gueule, juste une petite vie banale teintée de poussière de joie (l'excitation du mariage de son amie, la sélection par un magazine de ses photos, un type avenant qui la drague...). De la poussière de joie, disais-je, car l'euphorie retombe très vite et notre gâte Susan donne plus l'impression de passer sa vie à galérer plutôt qu'à s'éclater. Bref une anti-héroïne filmée à l'os, un individu dont les maigres espoirs tournent court, comme si la cinéaste cherchait par tous les moyens à rendre cette vie la plus merdique et donc la plus crédible possible... Susan tente bien de tendre certaines perches autour d’elle mais il faut bien reconnaître que la plupart de ses tentatives envers les autres virent à la débandade (une nouvelle jeune coloc... qui se révèle lesbienne (et qui lui tient un peu trop chaud), un amant... qui se révèle très casanier, une amie... qui se révèle plus guère fidèle). Elle n'est pourtant point un monstre d'égoïsme, ni une personne aux dents particulièrement longues, juste une personne moyenne qui doit faire face aux banals petits problèmes de l'existence... C'est parfois un peu mou du genou, reconnaissons-le, mais on ne peut reprocher à Weill d'avoir tenté de tracer sa route dans des chemins finalement encore guère explorés (à l'époque tout du moins  avec le portrait de cette gonzesse basique dans une grande ville) en allant jusqu'au bout du concept - on termine sur une petite note de joie (une amitié retrouvée en quelque sorte), certes, mais cette dernière image qui soudainement se fige n'est pas non plus franchement un modèle d'happy end ultra lyrique. Une petite œuvre sans prétention, qui sent un peu la poussière, mais qui, à l'époque en tout cas, dut rassembler les adeptes d'un cinéma à hauteur de femme. Mignonnet.

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