Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
20 août 2020

Compañeros (Vamos a matar, compañeros) de Sergio Corbucci - 1970

image-w1280-4

La quintessence du western spaghetti, oui messieurs dames, avec tout ce qu'il faut pour que le plaisir y soit : les stars de base côté héros (Franco Nero et Tomás Milián), de la vedette internationale en guest (Fernando Rey et Jack Palance), de la musique tonitruante (Ennio), du zoom, des stridences, des grosses baffes qui font des bruits de canon, des fusillades qui font des trous dans les murs, de l'humour warf-warf à base de tours pendables, de la révolution mexicaine, des Mexicains cons comme des ballons mais sympas... Non, vraiment, là, si vous n'êtes pas rassasié avec ça, vous n'aimez pas le genre, définitivement. Ou bien vous trouvez que ce n'est pas suffisant pour faire un grand film, et vous n'avez peut-être pas tort. Compañeros a en effet tout pour plaire... mais il ne convainc pas tout à fait, peut-être parce qu'il veut trop en faire, être l'Ultime, et que trop préoccupé par son image et son casting trois étoiles, Corbucci oublie un peu le spectacle. Là où ses confrères, et lui-même dans ses grands films, parviennent tous à trouver une ou deux séquences qui restent en tête et font oublier le reste du métrage souvent moyen, lui peine à trouver des sommets : le film se déroule sans moment de gloire réel, tellement balisé et surfait qu'il en oublie de nous surprendre.

66074761

Rien de terrible pour autant : c'est tout à fait plaisant, et on regarde le film sans trop se prendre la tête. Le sujet fait penser à Il était une fois la révolution, sans l'intellectualisme et avec un côté Bud Spencer/Terrence Hill en plus. La Révolution mexicaine et deux profiteurs en son sein : d'un côté, un illétré complètement abruti mais marrant, Tomás Milián, bombardé chef d'une petite bande ; de l'autre un Suédois suave et raffiné, Franco Nero, venu ici pour tirer profit de ce qui passera sous son nez. Tous les deux se détestent cordialement, bien sûr, mais devront faire équipe pour aller libérer le professeur Xantos (Fernando Rey), chantre de la paix et du dialogue entre les peuples, des griffes des Américains. Mais armé d'un funeste vautour, le bad Jack Palance surveille tout ça et tend ses pièges. C'est le coup classique du duo mal assorti, l'un brutosse l'autre malin, l'un âpre à la bagarre l'autre adepte de la ruse. A ce petit jeu, c'est Milián qu'on voit le plus, peut-être à cause de la silhouette que Corbucci lui a dessinée (ce béret et cette chemise dépenaillée), peut-être parce que c'est celui qui va subir la plus grande métamorphose au cours du film. Il bouffe la vedette à Nero, plus classique dans son élégance surannée et son impassibilité. De mercenaires sans valeurs du début, nos deux héros vont finir par devenir de véritables héros de la révolution, mais ils devront en passer par mille aventures dangereuses et mille guet-appens ardus. Il faut les voir dézinguer à eux deux des armées entières de soldats, ou tenter des exploits impossibles, tout en s'envoyant de grosses vannes et en draguant la Mexicaine.

companeros

Le film est raconté de façon assez classique, bien qu'il s'ouvre sur un flash-forward acrobatique (en hommage à Leone). Et tous ses événements le sont aussi, classiques, peut-être un peu trop pour qu'on éprouve autre chose qu'une gentille bienveillance pour ces héros bigger than life. Corbucci n'est pas trop dans l'excès cette fois-ci, entendez qu'il ne fait que 37 zooms avant et arrière dès que la tension monte ; et Morricone se laisse grave aller sur la chanson beuglée ("Vamos a matar, vamos a matar, compañeeeeeeeeerooooooos", impossible de se l'enlever de la tête), mais est un peu pris en flagrant délit de paresse en la répétant à l'envi tout au long du film. C'est parfois amusant parce que le genre est très outré et que les acteurs semblent s'amuser, c'est pas dangereux pour un sou (on sait exactement ce que vont faire nos deux cow-boys au plan suivant), c'est correct et agréable.

companeros

 Welcome to New West

Commentaires
T
Evidemment vous aurez noté qu'il s'agit d'un remake du mercenario sorti à peine deux ans plus tôt. Tout le monde s'accorde que ce dernier (donc le premier) est meilleur que celui-ci (le second), mais je dois bien avouer préférer cette 2e monture. Tout y est plus caricatural certes, mais ça permet d'écarter toute prétention mal placée qui justement déservait le mercenaire (ce duel dans l'arène étant franchement gênant en comparaison de Leone...). Et puis cette collection de tronches ! Tomas Milian avec sa "sobriété" légendaire, Franco Nero toujours avec sa sulfateuse et Jack Palance que Corbucci adore décidément malmener en lui présentant sa propre version du fusil de Tchekhov. Le spaghettivore se régale. Corbucci label rouge.
Répondre
Derniers commentaires