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14 août 2020

LIVRE : L'Île au Trésor (Treasure Island) de Robert Louis Stevenson - 1881

9782253003687,0-865500Grand bonheur que de revenir encore et toujours vers ce jalon du roman d'aventures, déjà compulsé fiévreusement et maintes fois dans ma jeunesse en quête d'évasion (je suis de Clermont-Ferrand), mais bizarrement jamais relu depuis une quinzaine d'années. En deux traits de plume, Stevenson, ça y est, vous attrappe et vous plonge dans un univers féérique, dangereux, palpitant, et il ne vous lâchera plus avant la dernière ligne : vous voilà pris au piège de ce sens de la narration irrésistible, complètement en empathie avec le brave et jeune Jim Hawkins, projection du lecteur qui absorbe cette identification en un quart de tour. Curieux, intrépide, casse-cou, d'une honnêteté à faire rougir une bonne soeur, il est plongé dans un univers de marins patibulaires qui jure avec sa probité et qui va le faire mûrir en quelques mois, façon roman d'apprentissage accéléré. Vous connaissez l'histoire : détenteur d'une carte au trésor, le gamin est embarqué dans une chasse qui l'emmène à l'autre bout de l'océan en compagnie de quelques potes... et d'une bande de voyous au visage couturé ou aux jambes manquantes, bien décidés à s'emparer du magot et à occire sans préavis la partie honnête de l'équipage. Parmi eux, le mythique Long John Silver, génial personnage manipulateur et matois, capable comme Clint Eastwood de jouer dans les deux camps avec la même conviction. Il dirige d'une main de fer la bande de pirates peu gâtés en neurones mais peu regardants sur la morale, et d'un autre côté possède le capitaine de l'Hispaniola, le seigneur Trelawney et le docteur Livesey, partie érudite et droite de l'équipée. Au milieu, Hawkins louvoie, prenant risque sur risque pour tenter de sauver ses amis, sa peau, et le fameux trésor.

A chacune des pages de ce roman magnifique, on en trouve un de nouveau (de trésor). Dans un style simple mais riche, Stevenson parvient à rendre palpitant le moindre détail du livre ; en variant les décors (une auberge perdue, puis un bateau, puis l'île), en renouvelant sans cesse les aventures (une course-poursuite dans la nuit, le détournement de la goelette, la fusillade dantesque, la chasse au trésor), en faisant exister fortement les personnages, en gardant toujours en tête le fil rouge du trésor tout en en repoussant sans cesse l'aboutissement. Surtout en usant d'une écriture très dynamique, et en nous faisant réellement partager les sensations de Hawkins. On replonge en enfance à la première ligne, tremblant de ces dangers d'opérette tout en sachant très bien que tout va bien se terminer, à deux doigts de recevoir des baquets d'eau quand le héros navigue sur les vagues ou de se prendre une balle de mousquet quand le conflit enfle. Stevenson est doté d'un sens du récit qui ne se relâche jamais, entièrement concentré sur le plaisir du lecteur, tentant de rendre compte des choses avec la plus grande clarté, mais sans jamais laisser tomber la poésie et le détail qui tue (la chanson de marin qui revient, le perroquet qui gueule "Pièces de huit !" sans arrêt, le squelette qui indique la direction du magot) Il a trouvé en Silver un méchant parfait, aussi bien physiquement que moralement, et sait parfaitement décrire le petit monde interlope des hommes sans foi ni loi remplis de rhum qui écument les mers. Même si vous ne connaissez rien aux termes de marine, vous ressortirez de ce roman en gueulant "hissez le foc avant à tribord, larguez les timoniers, et hardis les gars, une tournée d'rhum pour chaque brassée !" avec la conviction d'avoir traversé une aventure pleine de rebondissements pendant quelques heures. Un bonbon...

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