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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
31 juillet 2020

Inauguration of the Pleasure Dome de Kenneth Anger - 1954

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Souvenir ému de ma jeunesse parfois un brin allumée, Kenneth Anger n'avait pas encore eu l'honneur de la liste de réalisateurs commentés sur Shangols. C'est chose faite avec ce film qui m'avait échappé à l'époque, un de ceux visiblement qui l'ont fait connaître et ont inauguré sa série de films barrés à venir. De quoi est-il question dans ce court-métrage ? Je n'en sais rien. Voilà résumée l'intrigue. Disons qu'on y assiste à une sorte de grande orgie débridée, un bal costumé diabolique et dionysiaque où les liquides douteux coulent à flot, où les fantasmes sexuels se donnent libre cours et où on sent bien que tout le monde n'est pas exactement d'équerre. Débauche de couleurs, de formes, de personnages extravagants, d'accessoires barrés (Anaïs Nin fait une apparition avec la tête prise dans une sorte de cage à oiseaux), qui confine parfois à la vision stroboscopique, au chaos pur et simple, Inauguration of the Pleasure Dome est une sorte d'incarnation en chair et en os du concept de fête échevelée. Anger peut y développer à loisir son goût pour l'expérimentation cinématographique, usant et abusant à l'envi des effets les plus baroques qui soient : montage épileptique, flous artistiques, surimpressions sur surimpressions sur surimpressions, correspondances des plans, saturation des couleurs, dichotomie entre ce qu'on voit et ce qu'on entend (quelques duos d'opéra très savants versus une débauche de masques et de torses saillants). Très gay, mais jamais trop frontal dans son traitement du désir, du sexe, il préfère cultiver un côté trouble, fétichiste, qui mélange les genres et renvoie à une sexualité plutôt non-normée : les plans de ces hommes et femmes qui rient sont finalement plus troublants que si Anger les avaient filmés baisant comme des lapins. Il semble donc inventer un érotisme parallèle, asexué, des pulsions sexuelles qui viennent uniquement de la sensation, du regard, de l'oreille. Une définition parfaite du cinéma, finalement. Bon, on ne va  pas non plus clamer partout que voilà le film le plus facile du monde, il est parfois un peu chiant, il déborde un peu dans tous les sens, il a même pris une ride ou deux avec le temps, mais tout de même : voilà du cinéma comme on n'en voyait pas et comme on n'en verra plus.

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