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12 juillet 2020

Vij (Viy) (1967) de Konstantin Ershov & Georgiy Kropachyov

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Le diable existe. Les deux cinéastes russes adaptent Gogol pour nous livrer une ancienne légende populaire où un pauvre séminariste devra se confronter durant trois nuits à l'existence du Mal ! Si les couleurs sépia et les éclairages doux des studios russes sont toujours aussi beaux, l'accent est mis ici sur les effets spéciaux, poétiques ou horrifiques. Lors de la dernière nuit, notre ami Khoma vivra résolument l'enfer et les dix dernières minutes seront un festival de créatures diaboliques et biscornues. Mais revenons au départ : trois séminaristes un peu branquignols ont l’autorisation de partir battre la campagne. Ils se perdent dans la brume et tombent sur la ferme d'une vieille femme (un rien masculine...) qui leur propose de dormir chez elle à une condition : qu'aucun des trois ne dorment ensemble. Les trois bras-cassés s'apprêtent à passer une bonne nuit de repos entre vache et cochon lorsque la vieille vient faire des avances au gars Khoma. Notre ami, porté sur la bouteille et sur la franche rigolade, n'est pas bégueule, mais la vieille, terriblement insistante, ne rentre pas dans ses cordes... Seulement voilà, la vieille sorcière a plus d'un tour dans son sac et prend notre pauvre gars pour un cheval, voire pour un balai : Khoma transporte la vieille sur ses épaules et part dans les cieux... La vieille se transforme finalement en jeune femme, pâle et rigide, et notre Khoma de prendre ses jambes à son cou pour rentrer au séminaire... Mais son calvaire ne s'arrête pas là, puisqu'on lui ordonne d'aller assister à la veillée d'une jeune femme mourante : il repart dans la cambrousse et retombe sur la jeune femme, belle et bien morte. Sa mission : pendant trois nuits, il devra, enfermé avec elle dans son tombeau, lui réciter la bonne parole religieuse... Sauf que pendant la nuit, les démons se déchainent : le peureux Khoma en aura, c'est le moins qu'on puisse dire, pour son argent.

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Beauté des couleurs, disais-je, dans ces tableaux campagnards qui donnent parfois l'illusion d'être face à de véritables tableaux animés. On suit la vie dans ces campagnes avec personnages de paysans à tronche, beuverie et ripailles. Cela n'est pas pour déplaire à l'ami Khoma qui, après chaque soirée bien remplie, doit reprendre des forces pour affronter cette femme résolument possédée par le démon. Chaque nuit, il allume un max de bougie et trace un cercle pour tenter de repousser les démons... Mais chaque nuit, les forces du mal sont de plus en plus motivées : la jeune femme sort de son cercueil pour lui tourner autour, puis dans son cercueil même lui fera vivre le pire des cauchemars en menaçant, dans cette embarcation de fortune, de le défoncer, avant de convoquer, pour le bouquet final, l'ensemble des forces du mal. Les deux cinéastes s'en donnent à cœur joie pour créer des morts-vivants affreux, pour créer des lumières bleutées qui foutent les boules, pour jouer des transparences et montrer notre homme harcelé par des mains géantes, pour faire déferler sur lui toute une horde d'individus peu recommandables. Si, allons, certaines transparences sont un peu kitchs, le final est absolument fabuleux : on assiste à une mise en scène abracadabrante et hallucinante des forces du Mal. Khorma ne sait plus où donner de la tête et se fait proprement vampiriser par sa peur même. Un titre résolument court mais des effets bœuf : c’est en effet tout le programme de cette œuvre qui n'a en rien perdu de sa magie esthétique et maléfique. Satanés Russes !

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Commentaires
C
Bonjour, j'ai vu ce film en 1970 au Styx (!), le cinema du Quartier Latin dédié à l'horreur et au fantastique (avec squelette au mur et derniers fauteuils encastrés dans des cerceuils verticaux). Dans mon souvenir, une scène finale où deux anciens condisciples du héros échangent sur sa triste fin et ses visions d'horreur : l'un des deux conclut en disant qu'il en voyait autant après la troisième bouteille de vodka. Une fin matéraliste ?
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