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21 juin 2020

Departures (Okuribito) (2008) de Yôjirô Takita

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Takita dont je n'avais vu jusque-là qu'un film érotique, nous livre ici un film tout en tact et en douceur sur la mort (Eros puis thanatos, c'est cohérent). Il est question ici d'un violoncelliste qui, à la suite de la dissolution de son orchestre, décide de raccrocher l'archet, Gérard, et de revenir avec sa jeune femme dans sa ville de naissance - sa mère, décédée, lui a laissé un appart ; le père est quant à lui depuis des années aux abonnés absents, ayant abandonné toute la famille pour une serveuse... Notre ex-musicien postule pour bosser dans une agence de voyage... ce qui se révèle être plus précisément en fait une agence de dernier voyage. Oui, le voilà croque-mort sans même qu'il l’ait forcément souhaité... Au Japon, la toilette mortuaire peut s'effectuer devant les proches et le voilà donc peu à peu en charge de cet exercice de style qui demande contrôle et maîtrise de soi. Malgré ses quelques reluctances au départ, le type devient vite un pro. Problème : s'occuper des morts n'est pas vu d'un très bon œil ni par ses anciens amis, ni par sa femme qui commencent à le regarder d'un mauvais œil - ce travail est indigne, il faut en changer, point. Mais il persévère, ne désespérant point pouvoir un jour de convaincre ces mortels du bien-fondé de sa vocation tardive...

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Takita, disais-je, fait ici dans la pudeur, extrême, et nous livre quelques séquences de soins mortuaires tout en sobriété et en légèreté. Après, s'il essaie de nous montrer un homme qui cherche autant à convaincre ses proches (sa femme en premier lieu) qu'à se rabibocher avec son passé (lorsqu'il reçoit des nouvelles, ultimes, de son père), s'il tente de ne pas avoir la main trop lourde au niveau des déchirures sentimentales (notre héros gagne en temps voulu la sympathie des siens et cicatrise son passé en procédant devant eux (ou sur eux...) à des cérémonies mortuaires), les symboles sont tout de même parfois un peu gros - les parties de violoncelles dans la nature (ô lyrisme, ô musique classique, ô expression exacerbée de mes sentiments intérieurs refoulés), le vol des oies (à l'image de celle des âmes...) - et les ficelles scénaristiques tout autant (les différentes morts qui se succèdent : à chaque fois il passe un nouveau cap sur la voie de la réconciliation, avec les autres, avec lui-même...). Takita, je dis pas, se lance dans un sujet casse-gueule qu'il traite en marchant sur des œufs mais à force de distance, de recul sur son sujet, on finit par voir un peu trop la construction globale de cette œuvre par trop calibrée pour essayer de toucher le spectateur au moment voulu ; bref, cela manque d’un brin de subtilité… Une oeuvre nonobstant qui traite d'un sujet original et qui permet d'approcher nos lointains voisins nippons sous un angle peu courant. Pas si mal, donc, dans l’intention.

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