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11 juin 2020

Paria de la vie (The Good Bad Man) d'Allan Dwan - 1916

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Quand on aime on ne compte pas, et même si je commence à vous pomper un peu l'air avec mes Dwan de 1916, je le sens bien, si si, aucune raison que je me tape pas ce petit western assez réussi. Même casting en gros que Le Métis, mêmes studios et mêmes canassons imagine-t'on, mais un film nettement meilleur au niveau du scénario, du montage et même du cadrage. Dwan a l'air de s'être intéressé un peu plus à cette sombre histoire de recherche de paternité, et l'accompagnement à la production de Griffith y imprime une indéniable plus-value. Le gros souci vient encore une fois de Douglas Fairbanks, héros de la chose, qui joue comme un pied gauche : il sourit dans les situations les plus tendues, et ne semble avoir à son répertoire qu'une seule expression en plus de ce sourire idiot : il sait sauter sur un cheval avec beaucoup de prestance. Mais il semble tout de même assez motivé, et on oublie son jeu limité pour se laisser aller au plaisir simple de se faire raconter une bonne histoire. Celle, en l'occurence de Passin' Through, bandit au grand coeur qui vole aux riches pour donner aux orphelins, préfigurant ainsi les rôles de hors-la-loi positifs de Fairbanks. Orphelin de mère n'ayant jamais connu son père, le gars est un peu bancal mais tombe quand même amoureux de Bessy Love. Malheureusement elle est aussi convoitée par The Wolf, l'immonde malfrat du coin qui règne en maître sur la région. Et voilà que, ô incroyable révélation, on apprend que The Wolf est le paternel de Passin', et qu'il est à l'origine de la misère de sa mère. Il n'en faut pas plus à Passin' pour n'avoir plus qu'une idée en tête : cribler The Wolf de balles.

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Dwan de toute évidence préfère traiter de volet "psychologique" plutôt que de surenchérir en scènes d'action inutiles. Les personnages sont joliment fouillés, tous guidés par leurs traumas et leur passé douloureux : Passin' est devenu bandit par mélancolie et douleur d'avoir perdu sa mère, The Wolf souffre de sa propre brutalité, le marshall qui va aider le héros est hanté par cet amour non partagé qu'il a vécu avec la mère de Passin', bref tous sont mus par les aléas tumultueux de leurs vies. Le film reste au plus près d'eux, écrivant des scènes profondes sur leurs rapports : on aime les petits détails de leurs relations qui passent mine de rien, comme ce duel enfantin entre Passin' et son ennemi à base de "je tire dans une carte à jouer et je troue un as les yeux fermés" ; ou comme l'ombre bienveillante du marshall qui veille sur son fils putatif et prend des bastos à sa place. Cette qualité de personnage n'enlève rien à l'aspect spectaculaire du film : il y a de nombreuses contre-plongées en plans hyper-larges, peut-être hérités de Griffith, qui montrent des dizaines de figurants chevauchant dans les immenses paysages du Wyoming, impressionnants tableaux menés en maître ; ou de splendides scènes de pillage de la ville, où des hordes de cow-boys tonitruent et déchargent leurs pistolets dans les rues (je vous jure qu'on les entend). Le dernier plan, superbe, voit nos tourtereaux s'éloigner vers l'arrière-plan du film, pour de nouvelles aventures, une vraie mythologie du cinéma se met en place sous nos yeux. Yeux qu'on garde ébahis devant ce très beau film des origines.

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Go old west, here

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