Tout le monde a raison (2017) de Emmanuel Mouret

Petit impromptu d'Emmanuel Mouret qui nous livre ici, en une vingtaine de minutes, l'une de ses éternelles variations sur le couple ; il suffit parfois d'une petite phrase, d'une opinion lancée d'une voix un peu trop certaine pour qu'un couple vacille. Catherine (Flore Bonaventura) dit à son compagnon Adrien qu'elle possède comme un sixième sens : dès que son petit ami la trompe, elle le sent. Adrien, un tantinet agacé par ce ton "péremptoire", veut la prendre en défaut ; il demande à sa collègue Béatrice (Adélaïde Leroux) de lui donner son parfum pour en imprégner le col de sa veste... La Catherine va le soupçonner de quelque chose et là, crac, il lui montrera, le bougre, que de sixième sens, eheh, elle n'a point... Seulement voilà, rien ne se passe jamais exactement comme prévu et la petite leçon gentillette va tourner quelque peu en eau de boudin ; soyez tout de même rassurés, damoiselles et damoiseaux, au final tout le monde a ses raisons que… et patiti et patata ou encore, le destin amoureux est toujours quelque peu retors. Mouret, en petit disciple rohmérien, continue de mettre en scène des jeunes gens qui sympathiquement conversent à propos de fidélité, de jalousie et de désir... Plus on parle d'amour, plus, parfois, il s'éloigne, plus on parle d'amour, plus, parfois, on le trouve, les flèches d'Eros étant souvent imprévisibles. Des petits dialogues sans trop de littérature qui se tiennent et des acteurs avec un certain naturel pour donner un semblant de réalisme à la chose - et, forcément, comme dans une nouvelle, un petit twist final assez croquignolet. Mouret garde le rythme.