Postface : La petite Marchande d'Allumettes (1969) de Jean Eustache

Petite surprise du soir que cette interview (filmée par Eustache !) de Renoir à propos de La petite Marchande d'Allumettes, oeuvre réalisée 40 ans plus tôt dans les mêmes décors (en partie), à savoir le théâtre du Vieux-Colombier. Renoir revient longuement sur sa passion pour Andersen, ce conteur "immoral pour adultes", et sur le jeu automatisé, chaplinisé de Catherine Hessling - à laquelle il voulait donner un rôle à sa juste valeur. Renoir multiplie les parenthèses ("Remarquez..." et hop, c'est parti pour une anecdote) prenant plaisir à évoquer les petits détails de son art. Il explique également la différence cruciale qu'il fait entre la vérité extérieure (on va dire, les costumes, le maquillage...) et la vérité intérieure, cette façon d'être le personnage, de lui donner vie. Le cinéaste, vieillissant mais bavard, évoque aussi quelques aspects techniques du film (la pellicule, son développement, les lampes utilisées...) ainsi que le tournage particulier de la séquence de la poursuite à cheval. Il est aussi beaucoup question de jouets (ce qui donne d'ailleurs envie de revoir pour la douzième fois La Règle du Jeu) - Renoir aime les jouets pour adultes -, le cinéma étant d'ailleurs d'après lui, par son côté mécanique, le jouet ultime. Les divers réalisateurs qui influencèrent Renoir sont cités (de Chaplin à Griffith en passant par Stroheim) et notre homme de boucler la boucle en évoquant d'autres oeuvres d'Andersen (La petite Sirène ou Le Briquet) qu'il eût aimé adapter - en gardant notamment mot-à-mot les dialogues. Une petite séquence qui permet ainsi non seulement d'en apprendre un chouilla sur les choix artistiques de Renoir, mais aussi de mettre dans un même panier nos deux Jean tant aimés. Bref, un sympathique bonus.

Tout Eustache, sauf les trompes

Tout Renoir, c'est noir