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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
22 mai 2020

L'Aveu (1970) de Costa-Gavras

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Jorge Semprún est à l'honneur cette semaine sur Shangols avec cette adaptation d'un bouquin des London : il est forcément question du "monde de gauche" avec cette histoire qui nous entraine en Tchécoslovaquie : un vice premier ministre (Montand, inamovible) est soudainement kidnappé par des émissaires de l'union soviétique ; ancien membre des brigades internationales, notre homme va subir un interrogatoire de forcené pour le faire forcer à avouer, avec d'autres de ses camarades, ses accointances trotskistes, titoïstes et ses trahisons avec l'ennemi occidental - le tout sur fond de purge anti-juive. Nous voilà dans un contexte historique lourd au bon temps des purges communistes internes... Le but est de nous montrer par le menu, tout le dispositif qui est mis en place pour faire craquer physiquement et nerveusement ces hommes, forcés d'avouer des choses qu'ils n'ont jamais commises. Une machine à broyer capable de supprimer certains de ses meilleurs éléments dans un contexte de paranoïa et d'autoritarisme aigus - les inquisiteurs pouvant très bien se retrouver condamné à leur tour quelques mois plus tard en fonction de la direction du vent décidée par les plus hautes instances. Bref, il y a quelque chose de pourri dans le royaume du communisme. Ce que l'on va démontrer.

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Alors oui, comme le disait mon confrère Gols, on sent que Semprún n'est pas du genre à rigoler avec le détail. Les (3212) interrogatoires sont menés de main de maître par des individus dont le seul souci n'est point la vérité mais de faire signer ce qu'ils veulent à leur proie ; les conditions dans les diverses geôles locales sont épouvantables, les gardiens des teignes (impossible de se reposer, il faut toujours marcher, être en mouvement - un peu comme sur une plage métropolitaine) et le procès final une mascarade (dont ne ressortent finalement vivants que les plus chanceux..). La démonstration est relativement claire... mais longue et laborieuse et répétitive. On est dans le film à thèse où bordel de dieu, tout absolument tout, se doit d'être évoqué, dans les moindres petits détails (la scène sur la marque de la bagnole que l’on change (« ah non à l’époque ce n’était pas ce modèle mais celui-là ») en dit long sur cette volonté affichée de faire réaliste) ; on est dans la peau de ce pauvre Montand (Being Yves Montand) et il faut bien reconnaître qu'au bout de 2h20 on est épuisé, lessivé, et qu'on n'a, comme lui, qu'une envie, celle de dormir - et pas sur le dos. Alors, oui, le sérieux de la chose est indéniable, Montand est investi corps et âmes mais ce cinéma-là à grand coup de marteau sur l'enclume du spectateur a indéniablement perdu de son efficacité - il vire un peu trop au pensum pseudo documentaire. Sans renier la qualité des uns et des autres (Costa-Gavras au zoom, Semprún aux mots, Montand au régime), cet Aveu absolument parfait pour un "dossiers de l'écran" m’a paru bien fastidieux... Aurais-je le courage de revoir Z du coup ? Un peu émoussé par cette sorte d’exercice cinématographique au fond indéniablement juste mais à la forme aussi lourde qu’un char soviétique prenant position à Prague…

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