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20 mai 2020

Vincent, François, Paul... et les autres de Claude Sautet - 1974

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Voilà mon vrai hommage au grand Piccoli, d'autant plus grand qu'il m'oblige à revoir un film que je n'ai jamais beaucoup aimé d'un cinéaste que je n'ai jamais beaucoup aimé. Révérences gardées envers le plus grand comédien français, mon opinion ne change guère aujourd'hui : Vincent, François, Paul... et les autres est un film compassé et bourgeois qui m'horripile la plupart du temps, même si, si on oublie un peu son côté "grand cinnnnnémââââââ", on peut lui trouver certaines qualités. Oui, Sautet sait cadrer, sait diriger ses acteurs, sait parfois trouver un ton juste pour traduire l'ineffable de la vie. En l'occurrence ici, il s'intéresse à la camaraderie masculine, autour de quatre gars à la vie à la mort et de leurs petites détresses occidentales : Vincent (Montand) est un homme d'affaires vieillissant, délaissé par une femme qu'il a quittée trop vite, en proie aux dettes et aux remises en questions ; François (Piccoli) est un cocu vieillissant, désabusé et amer, qui a sacrifié ses idées de gauche pour un pragmatisme bourgeois ; Paul (Reggiani) est un écrivain vieillissant, porté sur la bouteille et à la carrière en stand-by ; et les autres sont des garçons vieillissants qui prennent de plein fouet les petites merdouilles de la vie, à part Jean (Depardieu), pas vieillissant et même très gaillard en boxeur. Rhapsodie donc pour la jeunesse qui s'enfuit et les femmes qui s'enfuient, sur fond de crise sociale et de libido vacillante : le film s'ouvre sur notre quatuor qui joue au foot et se marre en éteignant un début d'incendie, se termine sur leurs quatre visages graves, et entre les deux, ce sont les "petits-battements-du-coeur" habituels de Sautet, rien à signaler sous le soleil.

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Le film, très franchement, est médiocre. On relève par ci par là un indéniable savoir-faire, on voit bien que Sautet n'est pas un imposteur, on constate la grammaire délicate mise en place (ici, un beau cadre serré sur Piccoli et Montand perdus dans leur désarroi dans la couloir d'un train, là une belle séquence de combat de boxe et un art consommé du champ-contre-champ) ; mais tout sent la naphtaline à plein nez, et on se fatigue de ces soucis de grands bourgeois tourmentés. Le film tente de ressembler à ses spectateurs, de leur renvoyer gentiment leurs malheurs dans la tronche en usant des moyens les plus doux possible. D ce fait, même si fort heureusement elle ne joue pas dedans, il ressemble à Romy Schneider : c'est compassé, concerné, évanescent, subtil et malheureux avec classe. Beuark.  Mais ce qui empêche de lâcher le film, ce sont les acteurs : ils sont tous extraordinaires. On a rarement vu Montand aussi finement dirigé, ni Piccoli dans ce registre. Mais c'est Reggiani qui emporte le truc : magnifique dans ses scènes de soulerie, pathétique quand il se heurte aux affres de son travail, drôle quand il veut faire la fête à tout prix. Et Depardieu, eh bien c'est Depardieu, que voulez-vous. Même les femmes, d'ordinaire peu gâtées dans ce type de productions, sont parfaites : Stéphane Audran, Ludmila Mikael, Marie Dubois ont leur scène à jouer, leur steak à défendre, et renvoient aux hommes l'image pathétique qu'ils méritent. Bref, les acteurs sont épatants et sauvent le film. Soyons sympa : Vincent, François, Paul... et les autres est gentiment sentimental, ne fait pas de mal à une mouche mais sait parfois toucher là où il faut.

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Commentaires
G
Et puis après tout, les bourgeois sont aussi des êtres humains. Ils ont le droit d'éprouver les tourments universels, c'est ce que filme Sautet.
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G
Le film n'a rien de bourgeois, il est tiré d'une satire qui ironise sur le côté minable des personnages. Le film est anti-bourgeois, clairement. Sautet est un technicien très précis et virtuose et un excellent co-scénariste. Un des meilleurs cinéastes français, auquel on reproche parfois son sentimentalisme, sans jamais voir le symbolisme de ses films.
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A
Médiocre ? Rien que ça... vous êtes bien sévère.<br /> <br /> <br /> <br /> Et dire que l'autre jour, je comptais vous écrire d'ajouter Max et les Ferrailleurs à votre liste piccolienne. Je n'oserai même pas lire la chronique après celle-là.
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F
Il y a deux sortes de bourgeois français : les discrets, ceux qui, grâce aux corporations, sectes et réseaux, s'en sortent toujours et, d'autre part, ceux qui, moins classieux, ont pris des risques et, le plus souvent, se ramassent comme les mecs de "La grande marrade", un bouquin très noir, original et banlieusard que Sautet a traduit en couleurs avec un brin de compassion qui n'a rien à voir avec la complaisance. Médiocre ce film ? J'aimerais bien en voir de meilleurs plus souvent.
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